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Page:Maurault - Histoire des Abénakis depuis 1605 jusqu'à nos jours, 1866.djvu/554

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histoire

une longue loge d’écorce de bouleau. Il n’y avait à l’intérieur, ni plancher, ni plafond, ni lits, ni poêle, ni cheminée. La terre nue, durcie et bien aplanie, servait de plancher. On faisait le feu au milieu, et la fumée s’échappait par une ouverture, pratiquée au-dessus dans la couverture du wiguam. Les seuls objets de ménage qu’on y remarquait consistaient en quelques vases de bois ou d’écorce de bouleau, servant pour l’eau et la nourriture, et en quelques instruments de cuisine, exclusivement en bois et faits grossièrement. Tout y était propre à inspirer du dégoût et de la répugnance.

C’était dans ces sortes de huttes que les prisonniers, accoutumés à vivre dans de bonnes habitations, allaient désormais être logés. Ils furent dispersés dans le village. Madame Johnson et ses enfants furent placés dans une grande loge, où étaient trois ou quatre guerriers et autant de femmes.

Après les cérémonies d’installation, il était l’heure du souper. Nous ne parlerons que de celui qui se fit dans la loge de Madame Johnson. Un immense plat de bois, rempli de bouillie de maïs, fut déposé sur la terre, vers le milieu de la loge ; les sauvages se placèrent autour du plat, en s’asseyant sur leurs talons ; et mangèrent ensemble en plongeant leurs grandes cuillères de bois dans la bouillie. La captive, invitée à prendre part au repas, ne savait comment s’y prendre pour s’approcher du plat ; car elle ne pouvait s’asseoir sur ses talons, comme les sauvages. Elle fit de son mieux ; mais ce fut toutefois d’une manière si mala-