Aller au contenu

Page:Maurault - Histoire des Abénakis depuis 1605 jusqu'à nos jours, 1866.djvu/559

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
543
des abénakis.

tantes des sauvages, tantôt elle marchait sur le bord de la rivière ou d’un petit ruisseau, situé dans le village, parfois elle se promenait dans la forêt.

Il y avait alors dans le village 30 à 40 wiguams, contenant chacun quatre ou cinq familles, et quelquefois un plus grand nombre. Ces wiguams étaient logés irrégulièrement, dans un espace fort rétréci et resserré par la forêt presque de toutes parts, ce qui donnait un coup d’œil fort désagréable. Il y avait aussi quelques maisons en bois, qui servaient de résidence au missionnaire[1], au grand Chef et à la famille Gill. L’église était l’édifice le plus remarquable du village ; elle était située près des wiguams. Les wiguams, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, étaient entretenus dans un état de malpropreté indescriptible. Les sauvages laissaient pourrir à leurs portes les restes de leur chasse et de leur pêche, ce qui causait une puanteur insupportable.

On comprend que que les promenades de la captive dans ce nauséabond village étaient fort peu récréatives pour elle et peu propres à dissiper ses chagrins et ses ennuis. Cependant elle s’habitua peu-à-peu à voir toutes ces choses sans trop de dégoût ; et quelques occupations qu’elle prit alors diminuèrent sensiblement sa noire mélancolie ; ces occupations consistaient principalement à faire des vêtements pour ses nouveaux frères et sœurs. On lui permettait d’aller

  1. Le P. J. Aubéry, alors fort avancé en âge. Il était dans sa 54ème année de prêtrise.