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histoire

Ce fut un nouveau sujet de peines et de chagrins pour l’infortunée captive. Elle restait presque seule sur cette terre étrangère, sans espoir de pouvoir un jour la quitter, et elle ne reverrait peut-être jamais son mari, ses enfants et ses amis. Ces pensées désolantes, jointes à l’affliction dont son cœur était rempli, la conduisaient jusqu’au désespoir.

Elle était accablée depuis plusieurs jours par ces affligeantes réflexions, lorsqu’un jour son petit Silvanus vint avec précipitation lui dire, en fondant en larmes, que les sauvages voulaient l’emmener dans un long voyage de chasse. À peine avait-il prononcé ces paroles, que son maître arriva et lui commanda de le suivre. L’enfant se précipita dans les bras de sa mère, implorant du secours de la manière la plus attendrissante. Le sauvage l’arracha aussitôt des bras de sa mère et l’entraîna précipitamment. Les dernières paroles que la malheureuse mère entendit de la bouche de son fils furent celles-ci : « Maman, je ne te reverrai plus. » Madame Johnson, recueillant le peu de forces qui lui restaient, après cette scène déchirante, put lui répondre : « Prends courage mon Silvanus, Dieu te protégera. »

On était au 15 Octobre ; quarante-cinq longs jours de captivité s’étaient écoulés, et Madame Johnson, restée seule avec son dernier enfant au milieu des sauvages, n’avait plus devant elle qu’une sombre perspective d’infortune, sans espoir d’en voir le terme. Elle passait les jours dans la tristesse et la plus noire mélancolie. Tantôt elle visitait les loges dégoû-