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Page:Maurault - Histoire des Abénakis depuis 1605 jusqu'à nos jours, 1866.djvu/569

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des abénakis.

un malheureux ; presque mourant de la petite vérole ; dans un autre coin, était un tas de paille, sur lequel on voyait quelques couvertes extrêmement sales ; au centre, gisaient sur le plancher quelques plats dégoûtants, et, çà et là, trois ou quatre blocs de bois, pour servir de siéges et étant les seuls meubles qu’on apercevait dans l’appartement.

Tel était le lieu qu’ils devaient désormais habiter, pour y être exposés sans cesse, soit à être suffoqués par les miasmes qui s’en exhalaient, soit à être atteints de la petite vérole, maladie qu’aucun d’eux n’avait eue, et qu’ils craignaient autant que la mort. Malgré leurs représentations à cet égard, on les força de prendre possession de ce taudis infect.

Pendant la première quinzaine de leur détention dans cette prison, ils furent continuellement dans la crainte de la petite vérole, et employèrent tous les moyens en leur pouvoir pour s’en préserver. En outre ils souffrirent beaucoup de la faim. Une seule fois par jour on leur apportait, dans un seau malpropre, une maigre nourriture, dans laquelle on jetait quelques croûtes de pain. Cette nourriture leur inspirait un tel dégoût qu’ils n’y touchaient qu’autant qu’il était nécessaire pour s’empêcher de mourir d’inanition.

Le quinzième jour, Madame Johnson fut atteinte des premiers symptômes de la petite vérole ; elle fut conduite à l’hôpital, et son mari resta dans la prison, avec ses deux enfants. Deux jours après, Johnson, ne pouvant donner les soins nécessaires à sa petite fille, Captive, la plaça en pension. Mais bientôt, la personne qui s’en était chargée la reporta à la prison,