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celles qui causaient quelque trouble sous ce rapport. C’est ce qu’on voit par les délibérations des conseils. En voici un extrait.

« Les six syndics, ci-bas nommés, sont également autorisés à empêcher l’usage de la boisson dans le village, et à n’en souffrir aucune entrée ; et les sauvages s’obligent de les assister de toute leur force dans l’exécution de leur charge. Nous avons aussi nommé huit femmes de vertu, lesquelles sont autorisées à veiller à ce que les autres femmes, soit par leur langue, soit par leurs faits, n’apportent aucun trouble dans notre village. »[1].

On voit encore à Saint-François des restes de ces louables et sages coutumes. Pendant la saison de l’été, chaque jour, quelques sauvages se réunissent le soir à l’église, pour y faire la prière en commun. La prière est toujours suivie du chant d’un cantique. Lorsqu’il arrive dans le village des désordres, causés par l’ivrognerie, les bons en sont profondement affligés. Alors, ils assemblent le conseil et s’efforcent de prévenir de nouveaux désordres par des règlements, qui produisent quelquefois un bon effet.

Chaque année, la procession du Saint-Sacrement se faisait dans le village avec la plus grande solennité. Plusieurs jours d’avance, on commençait à préparer, avec le plus grand soin, le chemin où devait passer le Saint-Sacrement. Les femmes s’occupaient activement à la décoration du reposoir ; elles y déposaient leurs colliers de perles ou d’or, leurs bracelets et pen-

  1. Délibérations d’un grand conseil. Février, 1791.