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des abénakis.

uns voulurent rester dans la neutralité, d’autres se déclarèrent en faveur du congrès, et peu prirent les armes. La plupart des Anglais, alors dans le pays, étaient aussi en faveur du congrès, mais d’une manière secrète. Carleton s’adressa alors aux sauvages. Les guerriers Abénakis avaient répondu à son premier appel, et déjà ils étaient presque tous sous les armes à Saint-Jean. Chez les Iroquois, les vieillards s’opposèrent à ce que leurs jeunes gens prissent les armes, parcequ’ils considéraient cette guerre comme un juste châtiment pour tous les maux que les Européens leur avaient fait souffrir, et, qu’en conséquence, ils ne devaient pas y prendre part. « Voilà », disaient-ils, « la guerre allumée entre les hommes de la même nation. Ils se disputent les champs qu’ils nous ont ravis. Pourquoi embrasserions-nous leurs querelles, et quel ami, quel ennemi aurions-nous à choisir ? Quand les hommes rouges se font la guerre, les hommes blancs viennent-ils se joindre à l’un des partis ? Non, ils laissent nos tribus s’affaiblir et se détruire l’une par l’autre ; ils attendent que la terre, baignée de notre sang, ait perdu ses habitants pour la saisir. Laissons les, à leur tour, épuiser leurs forces et s’anéantir ; nous recouvrerons, quand ils ne seront plus, les montagnes et les lacs qui appartenaient à nos ancêtres »[1].

Cependant, Carleton parvint à gagner les jeunes gens. On prodigua des présents, et bientôt, l’on engagea aussi la plupart des Chefs à descendre à Montréal pour prendre les armes.

  1. Garneau. Hist. du Canada. Vol. I​I. 439.