Page:Maurice Joly - Recherches sur l'art de parvenir - Amyot éditeur - 1868.djvu/56

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possibles vis-à-vis du pouvoir, et qui cependant ne détourneraient pas un écu d'une caisse publique.

Il y en a d'autres qui feront de la concussion sans aucun scrupule, mais qui regarderaient comme déshonorant d'abuser de la confiance d'un ami. D'autres qui, malhonnêtes en affaires, montreraient de la probité dans la vie publique.

Il y a des gens qui voleraient pour payer leurs créanciers ou pour faire honneur à leurs engagements.

La valeur intellectuelle des hommes présente d'autres contrastes non moins extraordinaires. On voit des hommes dont l'esprit paraît très ouvert sur certains rayons d'idées, ils deviennent sourds, muets, aveugles dès qu'il s'agit d'autre chose. On voit des publicistes qui conseillent, critiquent les gouvernements avec plus ou moins d'autorité, qui seraient incapables d'ouvrir la bouche dans un conseil ; on voit des orateurs qui développent admirablement les questions, donnent des avis pleins de sagesse, et qui agiraient avec la dernière ineptie si on leur confiait le moindre pouvoir. On voit des hommes à talents spéciaux, d'une incapacité inouïe pour tout ce qui ne rentre pas dans leur spécialité. Enfin, il se rencontre des gens obtus en apparence qui ne pourraient ni par la parole ni par la plume développer leurs idées et qui feraient merveille dans la sphère de l'action.

Les opinions théoriques que l'on se forme en fait