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taille ; motif suffisant pour rejeter sur l’habit l’inaptitude réelle, car le bon cheval essaie de se faire valoir quand même.

En même temps qu’un palefrenier guide l’animal par la bride, faisant un tour de va et vient pour échauffer le collier, un garçon adroit tient le serre-frein qu’il manie suivant les dispositions de la bête. S’il voit celle-ci s’arrêter, chamailler, il lâche la mécanique prétextant une gêne, ou trop d’ampleur du collier.

Si au contraire l’animal a de bonnes dispositions, l’on vous offre de mettre entre deux rayons de chaque roue une longue barre arrondie qui empêchera les roues de tourner, ou bien on fixera celles-ci avec une chaîne. On mettra sous chaque cercle des obstacles exigeant un tirage des plus puissants.

S’agit-il d’un cheval de trait léger tel que Camargue, Barbe, du Bassin Pyrénéen, etc., ordinairement maufrancs, l’on a grand soin de pousser à la roue ou de mettre le véhicule en pente ; et une fois qu’il roule vers la descente, d’éviter les points d’arrêt et la montée.

S’il se montre rétif quand même, qu’il pointe, se cabre, l’on invoque une blessure sous le collier, souvent faite à dessein, l’habitude d’aller en paire… etc.

Pour l’essai des chevaux appareillés, les ruses des maquignons ne sont pas moins variées ; ainsi le plus paresseux est mis sous verge ; le port de la tête est nivelé par un enrênement différent ; la queue est mieux portée sur un énorme culeron ; le croupionnement peut être évité, la ruade amoindrie par les courroies dites rueuses, et si un cheval vous paraît se désunir, boiter réellement, l’on vous fait entendre qu’il joue du mors, qu’il encense.