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mordu par un chien enragé ne s’est pas aperçu ou ne s’est pas inquiété de cet accident, il est perdu sans ressources et la médecine ne peut qu’assister impassible à sa terrible agonie. Elle se reconnaît impuissante à le sauver, même à le soulager.

Pour toutes les personnes de l’art médical, la rage est donc une maladie incurable, contre laquelle viennent échouer toutes les ressources de la médecine.

Et cependant, il existe dans certaines contrées, des soi-disant guérisseurs qui prétendent avoir le pouvoir d’empêcher l’éclosion de cette redoutable affection et auxquels le vulgaire accorde malheureusement une confiance illimitée.

Voyons jusqu’à quel point cette confiance est méritée et sur quoi repose la renommée dont ils jouissent.

À ce sujet, nous croyons utile d’examiner d’abord le degré de la contagion de la rage, à la suite d’une morsure en nous basant sur les expériences et les observations qui ont été faites à ce sujet, soit en médecine humaine, soit en médecine vétérinaire.

À l’École de Toulouse, M. le professeur Lafosse a constaté que sur 60 animaux suspects pour avoir été mordus par des enragés, 21 seulement (le tiers environ) sont devenus enragés, les 39 autres n’ont rien éprouvé.

À l’École d’Alfort, dans une période de dix ans (1827-1837), 244 chiens ayant été mordus par des chiens enragés ou regardés comme tels, sont entrés dans les hôpitaux de l’École, où ils ont été conservés au-delà de deux mois, sans avoir suivi aucun traite-