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les pirates de la mer rouge


minarets des mosquées. La mosquée principale me parut située dans la partie sud de la cité.

Je me dirigeai de ce côté. Il me semblait être dans la situation d’un soldat qui n’a livré encore que quelques combats d’escarmouches, et qui s’avance au fort de la mêlée.

J’atteignis heureusement la ville ; je m’avançai sans demander mon chemin dans la direction de la grande mosquée. Les maisons des principales rues sont bâties en pierres, les rues semées de sable. Je me trouvai bientôt en face du bâtiment rectangulaire qu’on appelle le Beit-Allah. Je fis lentement le tour de l’édifice. Les quatre côtés sont formés de rangées de colonnes au-dessus desquelles s’élèvent six minarets. Je comptai deux cent quarante pas en longueur et deux cent cinq en largeur. Après avoir examiné le dehors, j’essayai de pénétrer au dedans.

Près de la porte, un Arabe vendait des bouteilles de cuivre.

« Salam aléïkoum ! dis-je d’un air grave et digne, combien coûtent tes koulé ?

— Deux piastres.

— Qu’Allah bénisse tes fils et les fils de tes fils, car le prix est un juste prix. Voilà deux piastres, je prends un koulé. »

Je cachai le vase sous mes vêtements et je m’enfonçai sous la colonnade ; arrivé près de la chaire, j’enlevai mes souliers, puis je pénétrai dans la sainte maison. Au milieu se trouve la Kaaba ; entièrement recouverte d’une étoffe de soie noire qui la cache aux yeux profanes.

Sept voies couvertes y conduisent. Elles sont pavées, mais l’herbe croît entre les pierres. Plus loin j’aperçus la fontaine, devant laquelle les serviteurs du temple étaient occupés à remplir les vases tendus par les fidèles.

En somme, ce sanctuaire si fameux ne m’impressionnait nullement : il est rempli de gens affairés, de porteurs de palanquins et de paquets, etc. Sous les colonnades se tiennent des écrivains publics, des marchands de fruits, des pâtissiers.

Comme je passais.au bout d’une de ces colonnades, je remarquai, à l’autre extrémité, un cavalier descendant de sa monture. Son chameau me parut extraordinairement élégant et fin. Pour lui, il me tournait le dos et parlait avec ses domestiques, leur ordonnant sans doute de rester à cette place.

L’aspect de cet homme me frappa d’une vague inquiétude et me