me levai et pris seulement la bride de ma monture, affectant une pleine sécurité.
Ils s’approchèrent au galop, puis arrêtèrent leurs chevaux devant moi. Ils ne me parurent point hostiles ; l’un d’eux me salua de la manière accoutumée :
« Salam aléïkoum !
— Aléïkoum.
— Tu as passé la nuit ici ?
— Oui.
— N’as-tu point de tente pour abriter ta tête ?
— Non. Allah distribue ses dons comme il lui plaît ! Aux uns il donne un abri tissé de fils, aux autres la voûte du ciel pour couverture.
— Tu pourrais posséder upe tente, si tu voulais, car ton cheval vaut mille tentes et plus.
— C’est mon seul bien.
— Veux-tu le vendre ?
— Non.
— Tu dois appartenir à une tribu qui campe non loin d’ici ?
— Pourquoi ?
— Parce que ton cheval est tout frais.
— Cependant mon peuple vit à bien des journées de marche de ce lieu, bien loin, bien loin, derrière la Mecque, vers l’ouest.
— Comment s’appelle ta race ?
— Oulad Djerman.
— Ah ! oui, je sais que là-bas, dans le Moghred, on dit Oulad au lieu de Beni, Pourquoi as-tu quitté ton pays ?
— Je suis allé visiter la Mecque et je voudrais voir encore quelques villes, quelques douars, en tirant du côté de la Perse, pour avoir beaucoup de choses à raconter aux miens quand je serai de retour.
— Où vas-tu en ce moment ?
— Toujours vers l’endroit où se lève le soleil, Allah me conduit.
— Veux-tu chevaucher avec nous ?
— Où allez-vous ?
— Derrière les hauteurs du Kernina, où paissent nos troupeaux. »
Ces gens étaient-ils des Djouari ?