Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/20

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

anciennes, qui n’ont jamais changé de type parce qu’elles n’ont jamais changé de milieu, se maintenir immobiles, quoique entourées par le tourbillon des populations mouvantes de la plaine, ne voit-on pas d’autre part, surtout dans les grandes villes, se former tout une nouvelle race, sous l’influence de la misère et de l’entourage sordide ? Lombroso croit avoir découvert dans ce type de l’ « homme criminel » un retour atavique vers les populations primitives de l’âge de pierre ; mais, sans avoir recours à cette hypothèse, il nous suffit de constater que la « race dégradée naît — ou renaît, si l’on veut — dans un milieu dégradant ».

Dans l’infime diversité des éléments qui constituent le milieu, astronomiques, physiques, climatiques, anthropologiques, il en est qui sont permanents ou qui, du moins, changent avec une grande lenteur, mais il en est d’autres qui se modifient, et ce sont eux qui, soit par leur influence directe, soit par leurs mille combinaisons d’actions et de réactions mutuelles, contribuent le plus à transformer les individus et à constituer ce que l’on appelle les races et sous-races. De zone à zone, de terre à mer et de plaine à montagne, le milieu change et les populations avec lui, mais il change aussi de siècle en siècle, et tel fait qui, à une certaine époque, pouvait avoir une importance considérable sur le développement de l’humanité, se trouve, à un autre stade de la