Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/21

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civilisation, être devenu sans valeur ou même funeste. L’histoire n’est qu’une longue suite d’exemples de ces alternatives d’utilité ou de dommage que présentent pour les peuples les traits de la planète ou les phénomènes de sa vie. Ainsi, pour citer l’exemple capital, l’Océan, qui rapproche maintenant toutes les nations et qui les fait une par le commerce et les idées, fut jadis le domaine de la Terreur, le chaos d’où s’élevaient les esprits méchants ; cinq siècles ne se sont pas encore écoulés depuis que l’on donnait au redoutable Atlantique le nom de « mer des Ténèbres ». C’est ainsi que l’oisillon, penché au bord de son nid, s’effraye devant l’immensité de cette atmosphère qui porte l’aile de l’oiseau déjà fait.

Le riche développement des côtes, cette membrure des continents, caractère physique auquel Ritter attachait une si grande importance et pour lequel il a établi des observations comparées entre les divers continents, fut certainement un trait essentiel à l’époque où les populations de l’Asie hellénique s’essayaient à la navigation du littoral et voguaient vers les îles de l’Archipel ; il eut aussi pour l’Attique et le Péloponnèse une valeur de premier ordre, quand leurs marins s’élançaient vers la Sicile, la Grande Grèce et la Méditerranée occidentale. Les dentelures de la côte, les larges estuaires firent la fortune de la Grande-Bretagne ; mais qu’importent maintenant ces découpures de littoral, puisqu’il suffit de