Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/282

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le Gyndès, le Khoaspès qui, après avoir été longtemps indépendantes et avoir contribué à combler la mer dans laquelle elles se jetaient, ont fini par devenir de simples affluents du Tigre. Aujourd’hui encore, le delta du Chat-el-Arab avance rapidement, et l’accroissement du rivage monte à près d’un mille anglais par soixante-dix ans ; dans les temps anciens, le progrès des terres était plus sensible et devait s’élever à environ un mille tous les trente ans. Il est donc probable, qu’au moment où les colons descendaient dans la vallée, le golfe Persique pénétrait à quarante ou quarante-cinq lieues plus haut qu’il ne fait aujourd’hui. Le Tigre et l’Euphrate se jetaient dans la mer à quelque distance l’un de l’autre, et ne confondirent leurs eaux que plusieurs siècles plus tard. La région des alluvions, et surtout la partie de cette région qui confine aux rives du golfe Persique, servit d’asile aux premiers colons. C’était une immense plaine basse dont aucun accident de terrain ne rompait la monotonie. L’Euphrate, mal encaissé dans ses rives, lançait, à droite et à gauche, des branches dont les unes allaient rejoindre le Tigre, et les autres se perdaient dans les marais. Une partie du sol, toujours privée d’eau, se durcissait aux rayons du soleil brûlant ; une autre disparaissait presque en entier sous les monceaux de sable qu’apporte le vent du désert, le reste n’était qu’une lagune empestée, encombrée de joncs énormes, dont la hauteur varie entre douze et quinze pieds. Pour faire de ce pays désolé un des