Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/283

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

plus riches, sinon le plus riche pays de l’univers, il fallait régler le cours des eaux, répartir équitablement, au moyen de canaux et de digues, l’inondation qui tendait à se porter sur certains points de préférence à certains autres[1], » faire exactement, en un mot, ce que firent les ancêtres des Égyptiens quand ils vinrent s’établir dans la vallée du Nil. Se refusant à choisir pour berceau une de ces régions fortunées qui s’étendent du nord au sud et du mont Ararat à la Babylonie, l’histoire, dans l’Asie antérieure, s’est attachée au contraire, à la terre la plus triste, la plus dénuée, et dont, sous peine des plus grands désastres, la constitution particulière condamne les habitants à la coordination très savante et très complexe de leurs efforts individuels.

Hérodote a fort bien saisi la remarquable analogie des conditions naturelles offertes, par l’Égypte et par la Chaldée, au développement des grandes sociétés historiques épanouies dans leur sein, mais il établit que cette analogie ne va pas jusqu’à l’identité : « En Assyrie[2], dit-il, l’eau du fleuve nourrit la racine du grain et fait croître les moissons, non point comme le Nil, en se répandant dans les campagnes, mais à force de bras, et par le moyen des machines à élever l’eau. » La part du travail de l’homme, dans la créa-

  1. G. Maspero, Histoire ancienne de l’Orient.
  2. On sait qu’Hérodote applique à tort le nom d’Assyrie à la partie et babylonienne et chaldéenne de la Mésopotamie.