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L’INDUS ET LA GANGE

dont la durée chronologique est inconnue, ce mot d’Arya ne fut nullement employé dans un sens ethnologique ; il signifiait simplement « homme libre », propriétaire ou maître de maison. Au-dessous de l’Arya il y avait le daça[1] (même vocable que le Dacyou) « serviteur », « vilain » ; les adorateurs des divinités védiques les supplient sans cesse de multiplier le nombre de leurs bêtes, de leurs enfants, de leurs daças. Ce nom s’applique plus tard à tous ceux que les Aryas réduisirent ou voulurent réduire en servitude, à tous les ennemis d’origine diverse qu’ils rencontrèrent dans leur expansion progressive du Pandjab vers le Gange, la Tchogra et les monts Vindhya, régions où l’on distinguait alors les Dacyous à peau jaune et les Dacyous à peau noire, les Anasa (nez épatés[2]), les Vricha cipra (museaux de buffle), les Açoutripa (carnivores, aimant la vie d’autrui), les « loups au poil rougeâtre », etc. Certains peuples d’origine incontestablement non aryenne, les Çoudras, par exemple, n’étaient pas regardés comme Dacyous ; d’un autre côté, le code de Manou, X, 43, mentionne des Dacyous parlant une langue barbare et des Dacyous parlant l’aryen ; nombre de castes dégradées, les Magadha, les Djalla, les Nata sont aryennes. À l’époque brahmanique, il est vrai, les habitants du

  1. Ch. Lassen ; Max Müller ; Hunter, Annals of rural Bengal. À Ceylan, daça s’emploie encore aujourd’hui dans le sens de « vilain », « esclave ».
  2. L’Arya était fier de son nez régulier. Il honorait Indra du qualificatif de sousipra » au beau nez. ».