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LE HOANG-HO ET LE YANGTSE-KIANG.

d’ouverture, ces mêmes cavernes servant d’habitations, ces mêmes auberges creusées dans le löss. La mobilité, voilà le trait caractéristique des terres jaunes. Comme le vent déplace les sables du désert, de même les eaux souterraines transportent le löss du sommet des terrasses au fond des ravines. Elles commencent par creuser un vide entre le löss et l’assise sous-jacente de grès : le sol s’abaisse, une crevasse circulaire se produit à la surface ; le cylindre circonscrit par cette crevasse, étant miné par l’eau, se désagrège et tombe en fragments qu’entraîne le courant souterrain ; il se forme un puits profond. Toute l’étendue des terres jaunes est littéralement criblée de ces puits ; les bêtes des troupeaux y tombent souvent et leurs gardiens ont beaucoup de peine à les en retirer. Chaque puits, s’élargissant peu à peu dans la direction du courant souterrain, finit par former une ravine allongée qui va rejoindre la ravine maîtresse de la vallée. Les parois à pic de ces galeries s’écroulent à leur tour, et il est dangereux de séjourner, ou même de marcher à proximité des talus. Les éboulements, les cavernes, les crevasses, les failles, les amas de blocs désagrégés, tous les accidents que l’on rencontre à chaque pas, témoignent de la puissance des forces destructives à l’œuvre dans ce pays. Le paysage est monotone : on voit partout les mêmes coupoles aplaties. La teinte uniformément jaune du sol, et le ciel voilé d’une brume de poussière telle que, le matin, le soleil apparaît comme un disque