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LA CIVILISATION ET LE GRANDS FLEUVES.

pâle, sans rayonnement, attristent encore plus l’aspect de ces lieux. À peine si quelques prairies verdoyantes se cachent au fond de ravines arrosées par un ruisseau qu’ombragent des bouquets d’arbres.

« Telle fut la contrée que nous traversâmes, de la limite méridionale de l’Ordos à la ville de Ho-tcheou et aux environs des Sañ-tchouañ. Dans le Kañ-sou oriental, le paysage reste sensiblement le même jusqu’à Koung-tchang-fou. Tout le Cheñ-si, toutes les vallées du Ouei-ho sont de même nature. Sous le rapport du climat, comme sous celui des terres jaunes, la vallée du Ouei-ho ne semble guère différer de celle du Hoang-ho en aval de Lañtcheou-fou… L’hiver est caractérisé par l’absence des vents et la faible quantité de sédiments atmosphériques, par le calme de l’air qu’emplit sans cesse la brume… Nulle part de forêts ; mais seulement les arbres que l’homme a plantés[1]. »

Cette nature du sol explique la présence, dans l’eau du fleuve Jaune, de cette énorme quantité d’alluvions que Staunton, un voyageur du siècle passé, évaluait, non sans étonnement, aux deux centièmes du volume des eaux, le quadruple de ce qu’emporte le Gange. Le missionnaire Williamson, en voyant le Hoang-ho saper la base de son estran, comparait l’effet de chaque flot successif du courant à celui d’une faux promenée dans l’herbe d’une prairie : à chaque morsure du fleuve, une lisière de la berge

  1. Guppy, Nature (angl.). 23 septembre 1880.