Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/41

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

que ceux de l’énorme aérolithe d’Ovifak, ou d’un bloc de granit cubant des centaines de mètres. Un premier hiatus semble ainsi se produire entre la nature inerte et le monde organisé : il n’existe pourtant que dans notre manière de voir et d’apprécier les choses, car les plus savantes recherches ont démontré l’impossibilité de tracer une limite réelle entre la matière minérale et la matière organique, entre les plantes et les animaux. Seulement, dans son développement biologique, la vie nous présente une variété, une complication telles qu’un principe plus synthétique devient ici absolument nécessaire ; il faut, pour saisir la sériation progressive, un critérium plus délicat que celui du poids. Nous sommes obligés de changer d’outils, tout comme on rejette le thermomètre à mercure lorsqu’il s’agit de hauts fourneaux, ou de ces basses températures auxquelles durent recourir, à Genève M. Raoul Pictet, à Paris M. Cailletet, et à Cracovie MM. Wroblewsky et Olszewsky, pour obtenir la liquéfaction et même la solidification fugitive de gaz autrefois réputés permanents.

Depuis Ch. Darwin, il est généralement admis que cette loi spécifique de la biologie est la lutte pour l’existence, ou en d’autres termes la concurrence vitale, dirigée et soutenue par la sélection. Mais, avant le grand naturaliste anglais, C.-E. Baër démontrait déjà scientifiquement que, pour la série organique, le progrès possède un indice morphologique infaillible : la différenciation, c’est-à-dire la