Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/69

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combats acharnés, devant les progrès nécessaires de la sociabilité. Plus la lutte fut terrible, plus le triomphe est glorieux et l’on comprendra sans peine que, dans tous les temps, les milieux de cette nature soient devenus les privilégiés de l’histoire, celle-ci ayant la mission d’enregistrer les victoires de l’homme sur les brutalités cosmologiques de toute nature.

Nous sommes loin, on le voit, de ce fatalisme géographique qu’on reproche souvent à la théorie déterministe du milieu dans l’histoire. Ce n’est point dans le milieu même, mais dans le rapport entre le milieu et l’aptitude de ses habitants à fournir volontairement la part de coopération et de solidarité imposée à chacun par la nature, qu’il faut chercher la raison d’être des institutions primordiales d’un peuple et de leurs transformations successives. Aussi, la valeur historique de tel ou tel milieu géographique — en supposant même qu’il soit physiquement immuable — peut-elle et doit-elle varier suivant la mesure où ses occupants possèdent ou acquièrent cette aptitude à la solidarité et à la coopération volontaires.

Que le despotisme, sous n’importe quel climat, et à n’importe quelle phase de la barbarie ou de la civilisation, que le despotisme, dis-je, revête la forme absolutiste, militariste ou sacerdotale, l’homme ne peut être opprimé que par l’impossibilité où il se trouve de fournir de son propre fonds et en connaissance de cause, la somme de solidarité exigée de lui par le milieu. Prêtre, guerrier ou roi, jamais