Page:Mendès - La Légende du Parnasse contemporain, 1884.djvu/44

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

triste, combien de temps dura cette vie ? quatre ou cinq années, je crois. Elle ne semblait pas près de s’interrompre lorsque, un jour, à Alençon, le vagabond rencontra l’éditeur Poulet-Malassis et Charles Asselineau, le regretté bibliophile qui fut le plus cher ami de l’un de nos plus chers maîtres. Ils lurent ses premiers vers, ils furent étonnés et ravis. Ce cabotin dont on parlait dans la ville comme d’un fou, était un vrai poète. « Il faut aller à Paris, » lui dirent-ils. « C’est bien, dit Glatigny, j’y vais ! » et il partit, à pied, naturellement.

Que venait-il faire dans la grande ville ? La conquérir. Et il était grand temps en effet que Glatigny fit la conquête de Paris, car alors, pendant que Victor Hugo était là-bas, dans l’Île, les choses allaient assez mal au point de vue poétique dans la capitale de la littérature française.

*

Certes l’art suprême était noblement représenté par quelques maîtres glorieux.

Incontesté, paisible, heureux, Théophile Gautier régnait, regardant face à face la calme