Page:Mendès - Richard Wagner, 1886.djvu/232

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unir ? Nulle flamme n’est assez brûlante, nul marteau n’est assez pesant.

Un être triste, enveloppé d’un grand manteau bleu, apparaît sur le seuil de la forge. C’est le voyageur éternel dont les hommes ne savent pas le nom, celui qui entre, dit une parole, et sort. Comme le dieu Wotan, il a un bandeau sur l’œil gauche, et son œil droit semble un éclair qui ne s’éteint jamais. « Celui-là seul forgera l’épée, dit-il, qui n’aura jamais connu la peur. »

Mime n’est point cet homme-là. Un bruit de vent dans les arbres, un éclat furtif do flammes dans le lointain fait qu’il tremble de tous ses membres et se pelotonne au coin du foyer. « Mais toi, toi, Siegfried, est-ce que tu as peur quelquefois ? »

— Peur ? qu’est-ce que c’est que d’avoir peur ?