Page:Mendès - Richard Wagner, 1886.djvu/265

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C’est que le poète-musicien, tout en se conformant à la lettre des mythes primitifs, excelle à en démêler, à en révéler les symboles. Le public français refuserait-il d’être ému par une œuvre de cette espèce ? je crois que oui. En est-elle moins admirable ? je crois que non.

Très diverse dans son unité, elle fait songer à la tragédie eschylienne par ses grandes scènes où, toujours paisibles même dans la colère, toujours suprêmes même dans le crime, les dieux expriment longuement leurs angoisses et leurs espérances ; la candeur des vieux Mystères se montre çà et là, tout à coup troublée par des raffinements modernes d’une singulière subtilité ; et la mise en œuvre simple à la fois et si tragique des passions, le lyrisme mêlé au drame, assez raremont toutefois, éveille l’idée du divin