Page:Mercure de France, t. 77, n° 278, 16 janvier 1909.djvu/151

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REVUE DE LA QUINZAINE Cette tête, bien connue des archéologues (Furtwaengler l a signalée comme un des originaux antiques « de premier ordre » conservés dans les collections particulières), se trouvait jadis, dit-on, au palais Borghèse et fit partie de la vente des objets qui ne furent pas trans­ férés à la Villa. Elle était devenue, en 1892, et était restée, jusqu’à maintenant, la propriété du célèbre amateur et critique anglais Humphry Ward. Saufle nez, un petit morceau du menton et le cou, refaits en plâtre, et un éclat dans la chevelure au-dessus du dia­ dème, l ’état de conservation de cette tête, d ’uue belle patine dorée, est excellent. Le grand intérêt de cette œuvre consiste en co qu’elle appartient à cette époque qui précède immédiatement la venue do Phidias, où la raideur archaïque s’effaco devant l’unique souci de la beauté de la form e; l’expression respire à la fois la fraîcheur de la jeunesse et une sérénité apaisée. Cette tète s’apparente strictement, par le style de l ’ensemble et par certains détails (telle l’extrémité de i oreille pointant sous le bandeau de cheveux qui la recouvre), avec les figures du célèbre Trône Ludovisi, du Musée national des Thermes à Romo, où plusieurs archéologues ont voulu voir l’œuvre du sculpteur Calamis, à cause du mélange harmonieux de grâce et de sévérité que les auteurs anciens louaient chez ce sculpteur. A ce croupe calamidien appartiennent aussi une Aspasie du Musée de Berlin, un Conducteur de char du Musée romain du Capitole,et l’o­ riginal de YApollon dit « Choiseul-Go u ffier », que possède notre Louvre et en pendant duquel, à bon droit, on a placé la Tète Ward (1). Une récente délibération du Conseil municipal adécidé,sur le rap­ port deMM.Turot etQucnlin-Bauchart,l’essai d’un musée du soir au Peiit-Palais. Conformément aux instructions de M.de Selves, préfet dela Seine, cet essai vient d’être tenté depuis le 8 janvier : lesdeux étages où est exposéela collection Dutuit, éclairés à l’élec­ tricité, sont ouverts gratuitement au publicle soir de8 h.à 10 h., tous les mardi et vendredidechaque semaine pendantles mois de janvier, février, mars, avrilet mai et en mêmetemps vingt-cinq con­ férences, avec projections, seront données par divers critiques d’art sur les richessesde ces collections. On se souvient peut-être qu’en igo5 fut créée au sous-secrétariat des Beaux-Arts une commission assez hétéroclite « chargée d’étudier toutes les questions relatives à l’organisation des Musées de province (1) On lira arec fruit, sur celte tôle antique, un «avant article de Mrs. Eugénie Stron£ pnru dans la Gazette dis Beaux-Arts, du i« janvier 1909, et accompagné de la reproduction sous diverses faces de cette belle œuvre.