Page:Mercure de France, t. 77, n° 278, 16 janvier 1909.djvu/164

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356 MERCVRB DE FRANCE— 16-1-1909 pièces comme The Young Bride, en particulier, nous ont paru d’ une irréprochable beauté. Mbmento. — Parmi les annuaires anglais qui ont paru en ces dernières semaines, l’un de ceux qui présentent une utilité des plus générales est le Who’s Who, igoy, accompagné du Who’s Who Year Book et de The Writers’ and Artists’ Year Book. Il offre, en somme, à lui seul, ce que donnent chacun à part le Tout-Paris, le Paris-Hachette, avec ce Qui êtes- vous que M. Max Delagrave eut l’heureuse idée de lancer l’an dernier et qu’il conlinuera désormais, espérons-le, en l’augmentant et en l’amélioracl chaque année. Pour quiconque s’occupe des choses anglaises contemporai­ nes, le Who’s Who est indispensable. HENRY-D . DÀVRAT. LETTRES ESPAGNOLES Littérature basque. — José-Maria Salaverria : Poesia èuskara (Lecture, oclobre 1908). — Pio Baroja : El Pasado, Las Traoedias grote&cas, roman ; Madrid, Su- cesores de Hermando. — Pedro de Repide: L Enamouréeindiscrète; Madrid,Puejo. Un lecteur me demandait aimablement ces jours derniers pour­ quoi, dans le tableau des littératures régionales que j ’esquissais, il y a quelques mois, à grands traits, je n’avais point fait figurer la lit­ térature basque : « N’existerait-elle pas? » — Elle n’existe pas en effet. Pourtaut le peuple basque est bien l’un des plus intéres­ sants de la péninsule, à coup sûr. Doué d’un individualisme orgueil­ leux, il n’a guère cessé d’employer toute sa vitalité, qui est fort grande, à résister à l’envahisseur et à défendre énergiquement contre ses voisins des deux côtés des Pyrénées ses traditions, ses fueros, sa langue : toute son âme. Il a été et restele seul peuplehispaniquequi ne se soit jamais latinisé, et l’éuskara est le seul idiome qui ait survécu à la vieille langue ibérienne. De nos jours même, il ny a pas appa­ rence que cette langue se laisse beaucoup entamer : Francisque- Michel, en 1867, évaluait à 700.000 le nombre des Basques basqui- sants d’Espagne, à 140.000, le nombre deceuxde France; eten 1872, l’érudit Julien Vinson donnait des chiffres à peine moindres. L ’étude ethnographique et hnguistiquede l’actuelle Vasconie a tentéjusq u’au Dr Broca qui publiait, il y a quelque trente ans, un très curieux Mémoire sur l’origine et la répartition de la langue basque : l’illus­ tre chirurgien, qui étaiten même temps un anthropologiste passionné, nous apprend entre autres choses que si la limite du basque s’est in­ sensiblement déplacée en Espagne au cours des âges, elle n’a pas varié au contraire du côté de la France; le basque, en effet, reculait eu Espagne devant l’influence d’une langue officielle très puissante, le castillan, tandis qu’en France il voisinait avec le béarnaisqui,biea que longtemps employé comme langue officielle, était loin d’avoir la force dxjaus!oa du casti lan.