Page:Mercure de France - 1891 - tome 3.djvu/134

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
132
MERCURE DE FRANCE

SPHINX



Toutes les femmes sont des fêtes,
Toutes les femmes sont parfaites,
Et dignes d’adoration ;
Sous les fichus ou sous les mantes,
Toutes les femmes sont charmantes,
Oui, toutes, sans exception ;

Toutes les femmes sont des belles,
Sous les chapeaux ou les ombrelles
Et sous le petit bonnet blanc ;
Toutes les femmes sont savantes,
Les princesses et les servantes,
Les ignorantes… font semblant ;

Toutes les femmes sont des reines :
Impératrices souveraines,
Et grisettes de magasin,
Et premières communiantes,
Avant comme après si liantes
Avec les lèvres du cousin ;

Toutes les femmes sont honnêtes,
Le cœur loyal et les mains nettes,
En sabots ou sur les patins ;
Adorables prostituées,
Nous mériterions vos huées :
C’est nous qui sommes les… pantins.

Toutes les femmes sont des saintes,
Surtout celles qui sont enceintes
Tous les neuf mois sans perdre un jour ;
Et qui de janvier à décembre
Se pâment la nuit dans leur chambre
Par la volonté de l’amour.