Page:Mercure de France - 1er mai 1933, tome 243, n° 837.djvu/222

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Vaste courant d’idées révolutionnaires, poursuite de chimères, l’abdication de la volonté ! Ce singulier tour d’adresse fut accompli par l’homme que vous savez, celui dont la seule faculté spéciale consiste à ne pas être maître de lui, l’homme des duels et des bonnes fortunes.

Assurément, il y avait du talent. Mais quel abus ! quelle débauche ! Et, en outre, quelle fatigue et quelle souffrance ?

Sans doute, on doit quelque respect, ou tout au moins une compassion reconnaissante, aux infatigables tortillements d’une vieille danseuse ; mais, hélas ! les poses surannées ! les faibles moyens ! les fastidieuses séductions !

Les idées de notre homme ne sont que de vieilles danseuses détraquées pour avoir trop sauté, trop levé la jambe : sustulerunt saepius pedes.

Où est le cœur ? Où est l’âme ? Où est la raison ?…

charles baudelaire


M. Symons croit pouvoir dater ce morceau de 1857, à cause des ressemblances entre l’encre employée ici et celle d’une dédicace à Champfleury, de cette date. Nous serions plutôt porté à penser qu’il s’agit du brouillon d’un article destiné au journal resté à l’état de projet, Le Hibou philosophe. Les rédacteurs de cette feuille devaient être Baudelaire, Champfleury et Armand Baschet. On trouve dans une Liste d’articles à faire pour ce journal[1] :

Jules Janin : éreintage absolu ; ni savoir, ni style, ni bons sentiments.

Dans ce cas, notre article daterait de 1852.

w. t. bandy.

LETTRES ALLEMANDES

Ferdinand Fried : Autarkie, chez Eugène Diederichs, Iéna. — Georg Schmidt-Rohr : Die Sprache als Bildnerin der Vôlker (La langue éducatrice et formatrice des peuples), chez Eugen Diederichs, Iéna. — O. Scheid : Les Mémoires de Hitler et le Programme national-socialiste. Librairie Académique Perrin, Paris.

Autarkie — c’est le titre d’un livre récent de M. Ferdinand Fried. Le mot a fait fortune en Allemagne. Il a pris rang dans l’arsenal des formules magiques où se complaît la nouvelle mystique nationaliste d’outre-Rhin. Au reste, si le mot est nouveau, la chose est déjà ancienne. On en trouve-

  1. Baudelaire, Œuvres posthumes (Mercure de France, 1908), p. 401.