Page:Merrill - Les Gammes, 1887.djvu/33

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la chair

M’énervent les soupirs, ô Femme que je rêve !
Et le long des lauriers sous la brise d’avril
Il me faut, au sanglot estival de la sève,
Tordre ton torse nu sous mon serment viril.

Car le vœu du viol m’envenime les veines,
Et du fond des massifs les sirènes du mal
Me leurrent de leurs voix vers les voluptés vaines !
Ô bouche ! ô croupe ! ô flancs de l’amour animal !

l'âme

L’angelus proclamant la mort du crépuscule
Ulule en la vallée où le lunaire encens
Fume. Du ciel au sol l’ombre des nuits circule,
Et c’est l’heure, ô mon corps, de s’absoudre des sens.

Du mystère des monts à l’océan sonore
Va le vent qui plangore en l’or du soir pâli :