Page:Merrill - Les Gammes, 1887.djvu/44

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Êtes-vous éveillés sous la lune pâlie,
Ô vagues violons et sistres endormeurs ?
Avez-vous sous les vents, ô harpes d’Éolie,
Emmêlé vos émois en de molles rumeurs ?


II


Ma mémoire s’immerge en lourdes mélodies
Comme un noble navire en les houles des mers,
Et mes vieux souvenirs, au flux des rapsodies,
S’écroulent dans l’écume et les brouillards amers.

Sous le déroulement des abîmes rythmiques
Mon âme s’est pâmée en la pâleur du soir :
Je me sens palpiter sous les flots balsamiques
D’une endormeuse mer aux tiédeurs d’encensoir.

Mourir et remourir ! ô volupté suprême !
Vaguer de mort en vie au reflux des remous,