Page:Merrill - Les Gammes, 1887.djvu/51

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Nostalgiques regrets du printemps et des fêtes,
Vous submergez mon cœur comme un brouillard des mers :
Et je rêve à l'aurore en un ciel sans tempêtes,
Aux orangers dont l’or fait osciller les faîtes,
Aux vallons à l’abri des frimas des hivers,
Où croissent dans les rocs les cytises amers.

Arrière, ô souvenirs que les réveils amers
Traquent comme le deuil à la suite des fêtes !
Non ! ce n’est pas pour vous, ô somnolents hivers,
Le sourire en bouquets de la terre et des mers :
Mais à vous l’ouragan qui hurle sur les faîtes,
Et le long des écueils l’écume des tempêtes.

Oh ! la neige tournoie aux remous des tempêtes,
Et ma raison se meurt sous les regrets amers.
La neige s’amoncelle aux flancs glacés des faîtes,
Et j’écoute en mon cœur pleurer les vieilles fêtes.
La neige avec horreur s’engouffre dans les mers,
Et ma perte me tente en l’ombre des hivers :