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les doctrines chimiques en france

qualités sensibles ou par leurs propriétés abstraites. Prolongeons aussi loin que nous le pouvons les conséquences de ces analogies, et déduisons-en, si possible, une série de faits observables qui serviront simultanément de preuve et d’illustration à nos conceptions théoriques[1]. Tel est l’aboutissant logique que le développement naturel des doctrines paracelsistes devait imposer à L’évolution de la chimie.

Ces conséquences éloignées, que Paracelse et ses successeurs immédiats n’avaient aucunement prévues, l’historien les voit se dérouler au travers des nouvelles doctrines que médecins, pharmaciens et chimistes se plaisent à imaginer. Nous allons en dire quelques mots. Tout d’abord avec Paracelse, la doctrine des analogies revêt une forme très simpliste. À l’exception des membres, organes purement animaux, les différentes parties du corps humain sont semblables aux sept astres errants ; le cœur est dans le microcosme, l’analogue du Soleil appartenant au macrocosme, la tête est semblable à la Lune, le foie est semblable à Mercure, le poumon est semblable à Jupiter, la rate est semblable à Saturne, les reins sont semblables à Vénus et le fiel est sem-

  1. Il semble, d’après M. Gilson, que le raisonnement par analogie ait exercé au début du xvii siècle une véritable séduction sur la plupart des penseurs, et que son rôle n’ait pas été suffisamment mis en lumière par les historiens de la philosophie. Voir Étienne Gilson : « Le raisonnement par analogie chez T. Campanella » dans Études de philosophie médiévale, Strasbourg 1921, p. 125 à 145.