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principales théories des iatro-chimistes

blable à Mars. Ces similitudes entre le petit monde et le grand monde, les docteurs paracelsistes se contentent de les affirmer sans chercher à les justifier ; peut-être prenaient-elles origine dans une tradition mystique qui leur inspirait toute confiance ? Quoi qu’il en soit, les mêmes docteurs nous exposent avec assurance, et presque comme allant de soi, la série des analogies que les astrologues avaient cru découvrir entre les planètes et les métaux : l’or étant semblable au Soleil, l’argent à la Lune, le vif-argent à Mercure, l’étain à Jupiter, le plomb à Saturne, le cuivre à Vénus, le fer à Mars… Que vont-ils conclure de cette double série d’analogies ? Tout d’abord que l’organe et le métal semblables au même astre errant sont aussi semblables entre eux ; l’or et le cœur se ressemblent puisqu’ils ressemblent au Soleil ! Mais en dehors de cela ils ne pourraient rien tirer s’ils n’ajoutaient à leur doctrine fondamentale un axiome encore inexprimé. Cet axiome le voici :

« Les semblables attirent les semblables[1]. » À l’opposé donc de la pratique de Gallien qui guérissait les contraires par les contraires, le froid par le chaud, l’humide par le sec, nos docteurs vont

  1. Je ne sais si cet axiome se trouve dans Paracelse, mais il est supposé par la médecine paracelsiste ; et c’est d’ailleurs sous cette forme que se sont présentées tout d’abord les doctrines préparant la voie à la gravitation universelle de Newton. Voir Duhem : La Théorie physique, chap. vii, § ii. Les hypothèses ne sont pas le produit d’une création soudaine, mais le résultat d’une évolution progressive. Exemple tiré de l’attraction universelle.