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LES THÉORIES CHIMIQUES AU XVIIe SIÈCLE

et les pierres dont elles étaient formées, transportées sur des fondations nouvelles ou liées par un ciment plus solide, furent utilisées pour les reconstruire. D’autres fois, un mortier nouvellement apporté vint boucher les fissures apparentes de la construction et l’empêcher de branler sur ses fondements ; quelques ouvriers par leur labeur assidu s’attachèrent à polir quelque ornement spécial sans se soucier de l’ensemble ; d’autres voulurent deviner quelle serait l’architecture du monument achevé et tentèrent de lui donner immédiatement sa forme définitive et parfaite ; d’autres encore crurent que la chimie se présenterait comme l’image ou l’aboutissant sensible du système du monde qu’ils avaient adopté et ils la transportèrent tout entière dans le domaine de la métaphysique ; pendant que de nombreux travailleurs redescendus sur la terre, lui demandèrent des remèdes pour guérir les corps souffrants ou des procédés pour améliorer le sort de l’humanité.

La chimie, synthèse d’efforts variés tentés sur des lieux différents, dans les directions les plus diverses, a singulièrement changé d’aspect au cours des siècles. Il est en dehors de notre sujet de plonger nos regards dans l’antiquité et le moyen âge ; mais pour comprendre véritablement comment elle s’est présentée à l’époque que nous étudions, il nous faudra cependant jeter un coup d’œil en arrière. Nous demanderons au grand savant Boerhave, qui a su joindre l’érudition, le respect de la tradition et une grande liberté d’esprit à une science très sûre,