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la théorie de lémery

remède… On remarquera, ajoute-t-il, que la figure de la vipère étant longue, menue, ou étroite et ronde comme un petit canon, les sels qui s’en élancent dans la morsure sont poussés avec beaucoup plus de force que s’ils sortaient d’un lieu plus large et plus ouvert, de même que la poudre à canon, qui a été allumée dans un pistolet ou dans un fusil, s’élance avec bien plus de force dans l’air que si elle avait été allumée dans un pot ou dans un autre lieu ou elle n’aurait point été pressée[1]. »

Cet exemple nous montre sur le vif avec quelle juvénile audace, la philosophie mécanique s’appliquait, au xviie siècle, à résoudre tous les problèmes par la même méthode, sans soupçonner aucunement la hiérarchie des difficultés successivement vaincues par la science. Si, dans la chimie minérale, elle a souvent abouti à des découvertes, ou à des systématisations heureuses, ses succès, déjà dans cette branche, n’ont pas toujours eu une égale valeur ainsi que nous avons eu occasion de le constater. En ce qui concerne l’analyse des corps organiques, la philosophie mécanique resta complètement stérile car elle ne trouva pas d’objet assez simple pour s’accommoder de ses principes ; elle ignora même la complexité des corps, qu’arbitrairement elle simplifia pour les faire rentrer dans ses cadres. Cependant cette nouvelle doctrine chimique qui assimila les minéraux aux corps organiques avant d’être détruite

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