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les doctrines chimiques en france

L’auteur ne mentionne en effet que les quelques substances dont le pharmacien fait usage, et qui avaient alors pour une raison ou pour une autre une réputation fort grande… L’urine tout d’abord dont quelques-uns vantaient avec emphase les propriétés extraordinaires et dont Brandt, Kunckell et quelques autres avaient extrait le phosphore ; le crâne et le cerveau humain qui, d’après une superstition romanesque que Lémery combat, auraient de miraculeuses vertus curatives ; la corne de cerf ; le miel et la cire. La vipère dont le venin dangereux quand il entre en nous par piqûre, semble pourtant inoffensif quand il pénètre dans notre corps par voie digestive ; aussi n’est-ce point à sa composition, mais au mécanisme de son injection, que le chimiste attribue le rôle néfaste joué par ce venin dans l’économie animale. Écoutons, à titre d’exemple, la théorie bizarre, pittoresque et amusante que notre chimiste donne de son action.

« Je crois que ce qu’on appelle venin de la vipère ne consiste que dans une affluence de sels volatiles acides que l’animal pousse et élance avec violence, en mordant : que ces sels, s’étant insinués dans les veines et dans les artères, font assez de coagulation dans le sang pour en empêcher la circulation et le cours des esprits, de même qu’il arrive quand on a seringué une liqueur acide dans une veine, ce qui suffira pour expliquer tous les accidents qui surviennent après la morsure de la vipère, à moins qu’on n’y apporte un prompt