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les doctrines chimiques en france

table donne et présente aux yeux la différente grandeur des rapports de ces substances combinées comme l’on voudra.

Par là, cette table devient en quelque sorte prophétique, car que l’on mêle ensemble des substances, elle fera prévoir l’effet et le résultat du mélange, parce que l’on verra par leurs différents rapports, quel doit être pour ainsi dire l’issue du combat, lesquelles surmonteront les unes et céderont à d’autres, lesquelles seront enfin victorieuses, etc. Ce n’est pas cependant, qu’à la considération des différentes forces qu’ont les matières pour agir les unes sur les autres, on ne doive joindre aussi quelques autres vues, mais assez souvent elles ne seront que des conséquences des premières ou s’en éloigneront peu. M. Geoffroy donne un exemple de l’usage de sa table dans l’opération du sublimé corrosif, qui lui est d’autant plus avantageux qu’elle est plus compliquée.

Plus la chimie se perfectionnera, plus la table de M. Geoffroy se perfectionnera aussi, soit par une plus grande quantité de substances qu’elle renfermera, soit par l’arrangement et l’exactitude des rapports. Si la physique ne saurait arriver à la certitude des mathématiques, du moins ne peut-elle mieux faire que d’en imiter l’ordre. Une table chimique est par elle-même un spectacle agréable à l’esprit, comme serait une table de nombres ordonnés suivant certains rapports ou certaines propriétés. »