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LES THÉORIES CHIMIQUES AU XVIIe SIÈCLE

chimie ou médecine chimique, qui se propose d’appliquer la théorie à l’opération chimique, d’expliquer et de diriger cette dernière afin d’en prévoir les résultats et connaître aussi bien les propriétés que les vertus des remèdes. En dernier lieu, la chimie pharmaceutique que l’on peut confier à des apprentis n’a pour but que la réalisation de l’opération et se trouve sous la dépendance de l’iatrochimie, comme celle-ci présuppose la chimie philosophique. « On peut conclure de tout cela que la chimie peut être dite Science et Art à la fois, ou encore on peut l’appeler une science pratique[1]. »

Quel est l’objet de la chimie ? Les différents auteurs qui ont traité ce sujet délicat ont émis là-dessus des opinions bien différentes ; quelques-uns, en effet, ont dit qu’elle est l’art des transmutations ; d’autres croient qu’elle se réduit à l’art des séparations ; d’autres encore l’ont définie : « L’art des transmutations et des séparations. » Mais qui ne voit que les transmutations, comme d’ailleurs les séparations, sont les résultats pratiques de l’opération de laboratoire et ne sauraient renfermer l’objet d’une science qui dirige ses opérations ? Quelques savants croient mieux dire en spécifiant qu’elle étudie les corps mixtes, mais ils sont incomplets car la chimie s’occupe aussi des corps simples qu’elle sait extraire des corps complexes. D’autres pensent que son objet est le corps naturel, mais ils oublient que la chimie

  1. P. 11.