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fameuse nuit du 4 août 1789, il adhéra à tous les décrets d’abolition de privilèges, et demanda la suppression des capitaineries et droits de chasse. Peu de temps après, il fit accorder le droit de cité aux protestants, aux juifs, aux comédiens, et à tous les Français sans aucune exception. Il vota ensuite pour l’institution des jurés, proposée par son collègue Syeyes, et se plaignit de ce que ce député gardait trop souvent le silence, disant que de tels hommes sont le patrimoine des siècles. Le 11 février 1790, il proposa vainement d’investir le roi de toute la puissance exécutive, afin qu’il pût réprimer les troubles toujours froissants dans les provinces. Plusieurs de ses collègues, professant les mêmes principes, s'étant retirés de rassemblée après les événements des 5 et 6 octobre, il continua à y rester jusqu’à la fin de la session, et, ne désespérant pas de faire adopter son système des deux chambres, il le mit encore en avant dans toutes les occasions. Il fonda alors, de concert avec son collègue Malouet et quelques autres du parti qu’on appelait monarchique, une société politique, qu’ils voulurent opposer au club dos jacobins ; mais qui, bientôt dénoncée à l’assemblée par Barnave et désignée comme une réunion de conspirateurs, fut obligée de se séparer. Clermont-Tonnerre avait dans ce même temps établi le Journal des Impartiaux, que le talent de M. de Fontanes et de plusieurs autres rédacteurs du premier mérite ne put soutenir contre les attaques simultanées des deux partis extrêmes. Cette feuille périodique n’eut que deux mois d’existence. Son fondateur, se trouvant de plus en plus en butte à la fureur populaire, vit son hôtel investi, et il aurait été massacré, si un décret de l’assemblée ne fût venu dissiper la populace. Dès lors, réduit au silence et n’osant plus exposer sa vie et ses propriétés, il ne parla à l’assemblée qu’avec une extrême modération, et ne s’occupa que de législation et de finances. Lors de la fuite du roi en 1790, il fut arrêté un instant par le peuple aux Tuileries, et il envoya aussitôt son serment de fidélité à l’assemblée. Après la fin de la session, il resta à Paris, et y soutint contre son collègue Syeyes une discussion polémique sur le système municipal. Le 10 août 1792, son hôtel fut encore investi par la populace, sous prétexte qu’il s’y trouvait des armes. Conduit à sa section, il y fut interrogé et renvoyé absous ; mais, lorsqu’il retournait chez lui, un cuisinier qu’il avait renvoyé ameuta encore une fois le peuple contre lui. Il reçut à la tête un coup de faulx, et, s’étant enfui chez Mme de Brassac, il y fut poursuivi jusqu’au 4e étage, où on le massacra. Ses opinions politiques ont été recueillies en 1791, 4 vol. in-8°. Il a aussi publié une Analyse de la Constitution de 1791, in-8°, et il faisait imprimer une suite à cet ouvrage au moment de sa mort. On lui attribue : Journal du Journal de Prudhomme, ou Petites observations sur de grandes réflexions, 15 numéros, in-8°, et Mon Portefeuille, Paris, 1791, in-18. M — d j

CLERSELLIER (Claude), philosophe, partisan du cartésianisme, plus encore que Descartes lui-même, était beau-frère de Chanut, ambassadeur en Suède, bon cartésien, et il donna sa fille eu mariage à Rohault, qui ne l’était pas moins. On lit dans la République des Lettres (juin 1684) : « Je ne crois pas qu’il y eût aucun bourgeois dans Paris qui allât plus souvent à la messe que le bon M. Clersellier. » Cepen-