Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1811 - Tome 9.djvu/48

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55 CLÉ point trouves. On objecte que Ôaraccioli n’ét.iit pas capable d’une supposition atis ;>i inge’niense ; mais on sait qu’il avait des collaborateurs assez habiles pour suppléer à son insuffisance. Un anonyme a publié, sous le titre à^ Entrevues du pape GanganeUi , servant de suite aux lettres du même auteur, un recueil de douze dissertations sur divers sujets de théologie, de philosophie et de politique, où l’on voit briller un esprit aussi solide qu’ingénieux. D — s. CLÉMEINT (Jacques), religieux ; de l’ordre de S. Dominique, a rendu son nom fameux par un crime exécrable. C’était un homme d’un esprit sombre et mélancolique, d’un caractère ardent et inquiet, d’une imagination déréglée ; d’ailleurs ignorant et grossier, fanatique et libertin, parlant sans cesse d’exterminer les hérétiques, ce qui le fit appeler par ses confrères le capitaine Clément. Il était néau village de Sorbon en Champagne, à une lieue de Réthel. A peine âgé de vingt-deux ans , il conçut le dessein d’assassiner Henri III , qui , ayant pour lieutenant Henri , roi de Navarre, assiégeait alors la capitale de son royaume révoltée contre lui. Il communiqua cette horrible résobition au prieur de son couvent, qui l’encouragea à l’exécuter ( Foy. Bourgoin ). Les Seize en eurent connaissance. Ils en parlèrent aux ducs de Mayenne et d’Aumale , et à la duchesse de Montpcnsier (Catherine-Marie de Lorraine), qui voulut voir le moine, et céda , dit-on , à ses infâmes désirs pour achever de le déterminer (i). Plusieurs prédicateurs ai’.noncèrent en chaire « que l’on eut encore patience (i) L’hisloi’ien Mathieu rapporte que ce misérable avait été mrné aux Chartreux , où on lui parla pour la première fois H^ entreprendre ce coup. CLÉ » sept ou huit jours , et que l’on rerrail quelque grande chose qui mcttrait ceux de l’union à leur aise. » De son côté, le duc de Mayenne fit arrêter plus de cent politiques (c’est ainsi qu’on désignait les sujets fidèles à leur roi) ; ils furent mis à la Bastille ; d’autres étaient déjà détenus dans le Louvre , et il fut dit à Clément que la vie de tous ces prisonniers répondrait de la sienne (De Thou et les Mémoires de Nevers ). Ou lui promit que le pape le ferait cardinal» ou que, s’il périssait, il serait mis au nombre des saints, comme ayant sauvé sa patrie , gouvernée par un ennemi de Dieu. On trompa le premier président Achille de Harlay et le comte de Brienne, prisonniers de la hgur. Le premier donna des lettres pour le roi , le second un passeport. Muni de ces pièces, Jacques Clément sortit de Paris le 3i juillet 1689. Il eut une conférence à St.-Lazare avec le duc de Mayenne et la Chapelle-Marteau , prévôt de Paris et secrétaire de la ligue. Ils lui donnèrent pour instruction de rejeter le meurtre, après l’avoir commis, sur le comte de boissons, a pour rendre la cause du roi » de Navarre plus odieuse, et animer » contre lui les catholiques. » C’est ainsi que s’exprime l’historien Mathieu, et il dit avoir appris cette particularité de Pleuri IV lui-mcmo. Jacques Clément tomba dans les gardes avancées du camp royal , et on le conduisit devant Jacques de la Guesle , procureur -général au parlement de Paris, qui se trouvait alors à St.-Cloud. Le uiagistràt l’interrogea, il répondit qu’il avait des lettres pour le roi , et qu’il ne pouvait s’ouvrir qu’à lui. 11 était tard, on le remit au lendemain. Il soupa avec les domestiques du prociircur-géMcral, répondit avec uneappareulc iiniplicitc aux questions qu’on