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AER

trer dans la confédération des nobles contre l’Espagne et le saint-siége, il fit frapper une médaille de la Vierge, qu’il portait à son chapeau, et toute sa maison fut obligée de suivre son exemple. Arrivé à Bruxelles, il fut imité par une foule de personnes, et sa conduite plut tellement à la duchesse de Parme, gouvernante des Pays-Bas, qu’elle en instruisit le pape-Pie V. Le pontife, charme du zèle d’Aerschot, accorda des indulgences à tous ceux qui portaient le même signe. Les états lui confièrent ensuite la direction de la guerre. En 1577, il fut nommé bourgeois d’Anvers ; quelque temps après il parut à Gertruydemberg en qualité de député, pour faire révoquer l’édit séculaire ; mais il n’y put réussir. Il fit aussi d’inutiles efforts contre la maison d’Orange, et contre le prince Mathias, que ce parti venait de faire nommer landwogd. Étant ensuite allé à Gand, en qualité de stathouder de Flandre, et ayant annoncé qu’il venait pour rétabli les anciens privilèges, les partisans du prince d’Orange armèrent les bourgeois et le firent prisonnier dans son propre palais. Devenus, par ce coup hardi, maîtres de Gand, les orangistes firent prêter aux bourgeois serment de fidélité ; mais leur hardiesse déplut à l’assemblée des états, et le duc d’Aerschot fut remis en liberté. Nommé ensuite stathouder de Bruges, il fut député, en 1588, à la diète de l’Empire, où il resta quelques années. De retour en Hollande, il ne put supporter les désagréments auxquels l’exposaient son rang et sa religion, et il se retira à Venise, où il mourut en 1595. D-g.


ÆSCHINE. Voyez Eschine.


ÆSCHRION, de Pergame, médecin empirique du 2e siècle, s’appliqua beaucoup à la matière médicale. Galien, qui l’appelle son concitoyen et son maître, le cite avec éloge, comme l’inventeur d’un remède contre la morsure des animaux enragés. C’était un mélange de cendres d’écrevisse, de gentiane et d’encens, qu’il faisait prendre intérieurement. Il appliquait en même temps sur la plaie un emplâtre composé de poix, d’opopanax et de vinaigre ; et cette dernière pratique, dont les modernes ont trouvé un analogue plus puissant dans la cautérisation, explique le succès qu’obtenait Æschrion. Très-confiant dans l’astrologie, Æschrion recommandait expressément de ne brûler les écrevisses qu’en un certain temps de la lune. La crédulité de Galien n’est-elle pas aussi étonnante que la folie de l’empirique ? C. et A-n.


ÆSCHYLE. Voyez Eschyle.


ÆSOPE. Voyez Ésope.


ÆSTHÉRIUS, architecte, vivait sous le règne d’Anastase Ier, empereur d’Orient, qui le combla d’honneurs, et lui donna une place dans son conseil. On attribue à cet artiste la grande muraille qu’Anastase fit construire pour préserver Constantinople des insultes des Huns, des Goths et des Bulgares. Ce monument de la grandeur et de la faiblesse romaine avait 18 lieues de long et s’étendait du Pont-Euxin à la Propontide, au midi de Selymbria. Æthérius éleva aussi plusieurs édifices dans Constantinople. Il florissait vers l’an 500 de J.-C. L-S-e.


AÉTION, peintre grec, exécuta et fit portez à une exposition publique, aux jeux olympiques, un tableau dans lequel il avait représenté les Noves d’Alexandre et de Roxanne. Cet ouvrage eut un si grand succès, que Proxenidas, l’un des juges nommées pour décider du mérite des productions de l’art, enchanté du talent d’Aétion, lui donna sa fille en mariage. Lucien assure avoir vu ce tableau en Italie, et en fait une description brillante, d’après laquelle Raphaël a tracé l’une de ses plus riches compositions. L-S-e.


AÉTIUS, hérésiarque du 4e siècle, surnommé l’Athée, naquit à Antioche ; il était fils d’un soldat de Célé-Syrie. Sa pauvreté l’obligeant de vivre du travail de ses mains, il commença par être vigneron, puis chaudronnier, et ensuite orfèvre ; mais forcé de quitter cette dernière profession, parce qu’il avait substitué un bracelet de cuivre doré à un bracelet d’or, il suivit un charlatan, pratiqua ensuite la médecine avec quelque succès ; s’étant fait chasser d’Antioche, il alla étudier la dialectique à Alexandrie. Comme il était très-exercé dans cette science, et peu versé dans l’Écriture sainte, il donna dans les nouvelles erreurs, auxquelles il en ajouta plusieurs autres. St. Épiphane a conservé 47 propositions erronées, tirées de ses ouvrages, qui en contenaient plus de 300. Les principales consistaient à enseigner que le fils de Dieu n’est pas semblable à son père ; à prétendre connaître Dieu comme soi-même, et à faire regarder les actions les plus blâmables comme des besoins de la nature ; à rejeter l’autorité des prophètes et des apôtres ; à rebaptiser, au nom d’un Dieu incréé, et du St-Esprit procreé par le Fils créé ; Aétius soutenait enfin que la foi seule, sans les œuvres, suffisait. Ses autres erreurs n’étaient que de purs sophismes, fondés sur des équivoques de mots. Il fut ordonné diacre par Léonce, évêque arien, qui se vit ensuite forcé de lui interdire les fonctions de cet ordre. Les anoméens l’excommunièrent, quoiqu’il fût leur chef. Rétabli par Georges d’Alexandrie, condamné par les eusébiens dans les conciles d’Ancyre et de Séleucie, dégradé par les acaciens dans celui de Constantinople, il fut exilé en Cilicie par Constance. Lorsque Julien parvint à l’empire, il rappela Aétius, lui écrivit une lettre pour l’inviter à venir à sa cour, et lui donna des terres près de Mytilène, dans l’île de Lesbos. Eusoius d’Antioche leva la sentence d’excommunication portée contre lui, et on l’ordonna évêque ; enfin, ayant échappé au supplice qu’il était sur le point de subir pour être resté attaché à l’empereur Valens, lors de la révolte de Procope, il vint mourir en 366, à Constantinople, où Eudoxe lui fit des obsèques magnifiques. T-d.


AÉTIUS, général romain, né à Dorostore, dans la Mœsie. Gaudence, son père, Scythe d’origine, parvint aux premiers emplois militaires, et fut tué dans les Gaules par des soldats mutinés. Aétius, élevé parmi les gardes de l’empereur, et donné bientôt en otage au redoutable Alarie, apprit l’art de la guerre sous ce conquérant, et profita de son séjour chez les barbares pour se faire aimer de ses peuples, qu’il devait un jour avoir alternativement pour ennemi et