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AET

pour alliés. En 424, l’usurpateur Jean ayant voulu s’emparer du sceptre d’Occident, Aétius se chargea de le faire secourir par les Huns ; mais Jean fut vaincu, et son défenseur se soumit aussitôt à Valentinien, qui régnait en Occident, sous la tutelle de Placidie sa mère. Avide des faveurs de la cour, et jaloux du crédit du comte Boniface, Aétius ourdit contre lui une trame odieuse, dont le résultat fut la révolte de Boniface qui appela Genseric et les Vandales en Afrique. Une explication tardive entre Boniface et Placidie ne sauva pas l’Afrique ; mais elle fit découvrir l’intrigue d’Aétius qui, dans ce moment, écrasait, dans les Gaules, les Francs et les Bourguignons. Placidie n’osa le punir, mais elle accorde de nouvelles dignités à Boniface. Aétius, furieux, revole en Italie à la tête de quelques troupes, rencontre son rival, lui livre bataille, est vaincu ; mais il blesse de sa propre main Boniface, qui mourut quelque temps après, en 432 ; Placidie voulut venger sa mort. Aétius, retiré chez les Huns, revint exiger son pardon à la tête de 60,000 barbares ; l’impératrice lui rendit ses charges et ses honneurs, et Aétius retourna dans les Gaules servir l’Empire, qu’il défendait avec courage lorsque son ambition n’en décidait point autrement. Il battit successivement les peuples qui se partageaient les provinces, et se servit souvent du crédit qu’il avait sur eux pour les ruiner les uns par les autres. Bientôt il eut besoin de les réunir tous pour s’opposer aux hordes barbares conduites par Attila. Ce roi des Huns avait le Rhin et la Seine, et s’avançait vers Orléans, qu’il assiégea bientôt ; Aétius, dans ce danger, rassemble les Saxons, les Bourguignons, les Francs, entraine dans cette alliance Théodoric, roi des Visigoths, et marche avec une armée formidable contre son ennemi. Attila avait quitté Orléans, repassé la Seine, et se trouvait prés de Châlons en Champagne, dans les champs Catalauniques ; Aétius le joignit et lui présenta la bataille en 451. Cette journée devait décider du sort du monde entier : Attila, le fléau de Dieu et le roi des rois, allait trouver enfin un vainqueur ; la melée fut affreuse : les deux armées étaient innombrables ; les peuples et les princes alliés rivalisaient de courage ; la nuit vint couvrir la retraite d’Attila, et cacher aux deux partis l’horreur du carnage. S’il faut en croire Jornandès, près de 500,000 morts jonchaient la terre ; Théodoric fut trouvé percé d’un dard. Son fils voulait le venger, en attaquant sur-le-champ l’armée d’Attila, affaiblie et effrayée de sa défaite ; il paraît qu’Aétius craignit à son tour de voir ses alliés trop puissants ; il retint leur courage, leur persuada de se séparer, et laissa échapper Attila. Ce barbare menaça de nouveau l’Italie, où le nom d’Aétius suffit encore pour l’arrêter, en 452 ; mais la perte de ce dernier se tramait en secret à la cour de Valentinien. Ce lâche empereur venait d’outrager la femme du sénateur Maxime, qui méditait d’en tirer vengeance, et qui, redoutent le courage et le dévouement d’Aétius, voulut d’abord priver le trône d’un si solide appui. Il fut facile de rendre ce général criminel aux yeux d’un prince ingrat, faible et soupçonneux ; Aétius, mandé au palais avec quelques-uns de ses amis, s’y rend sans défience ; il s’approche de l’empereur, qui, dans l’instant, tire son épée et la plonge lâchement dans le sein d’Aétius ; de vils eunuques l’achevèrent, et ses amis partagèrent son sort. Le meurtre de ce grand capitaine indigna tout l’empire, et sa mort ne tarda pas à être vengée. (Voy. Valentinien.) Aétius était d’une taille moyenne, d’une figure mâle, d’un tempérament robuste, et d’une adresse remarquable aux exercices du corps ; il supportait facilement la fatigue et les privations ; son ambition, déguisée avec adresse, ressemblait quelquefois à la grandeur d’âme. Ses belles actions ont fait oublier les intrigues et les viles manœuvres auxquelles il s’abaissa pour perdre ses rivaux et ses ennemis. Sa mort arriva en 454. L-S-e.


AETIUS, médecin d’Amida, ville de Mésopotamie, vivait sur la fin du 5e siècle et au commencement du 6e. Dans un ouvrage intitulé Tetrabiblos il a compilé avec assez de discernement tous les médecins qui l’avaient précédé, particulièrement Galien, Archigène, Dioscoride, etc. ; il y décrit aussi quelques maladies nouvelles, et on y trouve des notions ignorées avant lui sur les maladies des yeux, et l’emploi des médicaments externes. Il s’est attaché à décrire tous les prétendus spécifiques, charmes et amulettes qui étaient en vogue chez les Égyptiens, ce qu’aucun médecin grec n’avait encore fait. Il est surtout recommandable sous le rapport de la chirurgie. Son ouvrage, divisé, par les divers copistes auxquels nous le devons, en quatre tétrabibles, et chaque tétrabible en quatre discours, se composait primitivement de seize livres : les huit premiers seulement furent imprimés en grec, à Venise, chez les héritiers d’Alde Manuce, in-fol., 1554. Les autres sont restés en manuscrit dans les bibliothèques de Vienne et de Paris. Il y en a eu plusieurs éditions latines, de la version de Janus Cornarius, sous ce titre : Contructœ ex veterïbus Medicinœ tetrabiblos, à Venise, 1543, in-8o ; Bâle, 1542, 1549, in-fol. ; une autre à Bale, 1535, in-fol., dont les sept premiers livres et les trois derniers étaient de la version de J.-B. Montanus ; deux à Lyon, 1549, in-fol., et 1560, 4 vol. in-12, avec des notes de peu d’importance, par Hugo de Soleriis ; et une à Paris, 1567, in-fol., parmi les Medicœ artis Principes. On a confondu souvent Aétius d’Amida avec Aétius l’hérésiarque, qui fut aussi médecin. — On connait un 3e médecin de ce nom, Aétius Sicanus, ou Siculus, des écrits duquel le livre de atra Bile, attribue à Galien, est, dit-on, tiré en partie. Et enfin Aétius Cletus, de Segni, auteur d’un Dodecaporion Chalcanthinum, Romæ, 1620, in-4o ; d’un traité de Morbo Strangulatorio, Romæ, 1636, in-8o, etc. C. et A-n.


AFER (Cn. Domitius), célèbre orateur sous les règnes de Caligula, de Claude et de Néron, naquit à Nimes, l’an 15 ou 16 avant J.-C., de parents obscurs, et non de l’illustre famille Domitia, comme l’a dit Faydit dans ses Remarques sur Virgile. Élevé dans l’étude des lettres, au sein de sa patrie, il se rendit jeune à Rome, où ses mœurs dépravées ne l’empêchèrent pas de briller au barreau, et de parvenir aux honneurs sous l’empire de Tibère. Modèle des délateurs, il devint cher à Tibère, qui le