Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 2.djvu/135

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
130
APU

et un ouvrage sur les questions qu’on traitait dans les écoles des rhéteurs. On les trouve dans les Rhetores græci d’Alde, Venetiis, 1508, in-fol. Ils n’ont pas été imprimés depuis Plusieurs rhéteurs ont porté le même nom. C-r.


APSYRTE, né à Pruse, ou à Nicomédie, embrasse la profession militaire sous le règne de Constantin. Il avait écrit un livre d’hippiatrique, ou médecine vétérinaire, dont il nous reste de très-longs extraits dans le recueil intitulé : Veterinariæ Medicina libri duo, græce) Basilcæ, 1537, in—4° ; livre extrêmement rare, qui n’a jamais été réimprimé depuis, et beaucoup plus complet dans les manuscrits qui se trouvent dans la bibliothèque royale. Il a été traduit en latin par Jean Huel, de Soissons, et imprimé à Paris, 1530, in-fol. C-r.


APTHORP (Eustache), théologien anglais, né a Boston, dans la Nouvelle-Angleterre, en 1732, fut envoyé dans la mère patrie, où il fit ses études a l’université de Cambridge. De retour en Amérique comme missionnaire, il y fonda une église épiscopale à Cambridge, église dont il se sépara ensuite pour revenir en Angleterre. Là, sous les auspices de l’archevêque Seeker, il s’engagea dans une controverse avec le docteur Mayhew de Boston, relativement à la mission des évêques dans l’Amérique septentrionale, et à la marche de la société instituée pour propager l’Évangile dans les contrées étrangères. Le primat le promut au vicariat de Croydon. Il était prébendier de Finsbury au moment de sa mort, arrivée le 17 avril 1816. On cite de lui : 1° Discours sur les prophéties, prêchés, etc. ; 2° Lettres sur l’influence du christianisme avant son établissement civil, avec des observations sur la décadence de l’empire romain, par Gibbon. Ce grand historien a cité avec estime l’ouvrage du théologien. Z.


APULÉE (Lucius), ou plutôt, suivant d’autres, seulement Apulée, philosophe platonicien, naquit au 2e siècle, vers la fin du règne d’Adrien, à Madaure, ville d’Afrique, dont la position sur les confins de deux contrées lui fit donner le surnom de Semi-Gétule, Semi-Numide. Sa famille était illustre : Thésée, son père, remplissait dans sa patrie les fonctions de duumvir ; et, par Salvia, sa mère, parente du philosophe Sextus, il descendait de Plutarque. Il fit ses premières études à Carthage, où l’idiome naturel était la langue punique ; puis il s’embarqua pour Athènes, afin de s’y familiariser avec les lettres grecques. Il s’y rendit habile dans les arts libéraux, et s’adonna particulièrement à la doctrine de Platon. D’Athènes il vint à Rome, où, comme il le dit lui-même, seul, sans le secours d’aucun maître, il apprit la langue latine avec des peines infinies, œrumnabili labore. J’insiste sur cette dernière circonstance, parce qu’elle peut servir à expliquer ce que l’on trouve d’affecté, de pénible et de néologique dans les écrits latins d’Apulée. Il suivit pendant quelque temps le barreau ; mais le désir de voyager, et le besoin d’accroître ses lumières, lui firent parcourir les diverses contrées de la Grèce, et le portèrent à se faire initier a tous les mystères. Il dissipa presque tout son patrimoine à satisfaire son insatiable curiosité ; revint à Rome, où, pour être admis au nombre des prêtres d’Osiris, il vendit jusqu’à ses habits ; exerça la profession d’avocat, puis retourna dans sa patrie, espérant y rétablir sa fortune. Il ne fut pas trompé dans son attente : ses plaidoyers eurent un tel succès, que les magistrats de Carthage et de plusieurs autres villes lui firent ériger des statues. L’hymen vint ajouter à sa félicité : une veuve, nommée Pudentilla, lui fit partager son opulence ; mais les parents de cette veuve, outrés de se voir ainsi frustrés de sa succession, accusèrent Apulée de magie, et le dénoncèrent à Claudius Maximus, proconsul d’Afrique. Apulée plaida lui-même sa cause, et prononça devant le proconsul une apologie qui se trouve parmi ses œuvres. Il confondit ses accusateurs, dévoila leur cupidité, leurs mensonges, et fut renvoyé absous. Depuis cette époque, il mena dans sa patrie une vie heureuse et tranquille, se livrant sans réserve aux charmes de l’étude. On ignore l’époque de sa mort. Apulée composa, soit en grec, soit en latin, un grand nombre d’ouvrages, dont il ne nous est parvenu que la moindre partie. Je vais indiquer successivement ceux que nous possédons et qui sont authentiques, ceux qu’on lui attribue, et ceux que nous avons perdus. On compte quarante-trois éditions des œuvres d’Apulée, dont neuf du 15e siècle. La première, très-rare et non mutilée, fut faite à Rome, par l’ordre du cardinal Bessariou, et les soins de J. André, évêque d’Aleria, 1469, in-fol., de l’imprimerie de Conrard Swegnheym, et d’Arnoul Pannartz. On trouvera la liste des autres éditions dans celle qui a été faite en 1788, par la société des Deux-Ponts, qui néanmoins en a omis une de Lyon, sib. a Porta, 1587, in-8o, 2 vol. Ces œuvres contiennent : 1° la Métamorphose, hyperboliquement appelée l’Âne d’or, en 11 livres ; le plus considérable des ouvrages qui nous restent d’Apulée, imité du grec de Lucius de Patras, et, comme il le dit lui-même, composé dans le genre des fables milésiennes. La meilleure édition de cette fiction singulière est celle de Leyde, 1786, in-4o, cum notis var. L’Âne d’or a été traduit en français par Guillaume Michel, dit de Tours, Paris, sans date, et 1517, in-4o ; 1518, 1522, in-fol. ; par George de la Bouthière, Lyon, 1553, 1556, in-12 ; par Jean Louveau, Lyon, 1558, 1580, in-16 ; 1559, 1584, in-8o ; Paris, 1586, in-16 ; par Jean de Montlyart, Paris, 1612, 1616, in-12 ; 1623, 1631, 1648, in-8o ; ces trois dernières éditions avec, d’assez jolies figures, de Crispin de Pas aux deux premières, et de Michel Lasne à la troisième ; par l’abbé Compain de St-Martin, Paris, 1707, 1736, in-12, 2 vol., Francfort et Leipsick, 1769, in-8o, 2 vol.[1] ; par Bastien, Paris, 1787, in-8o, 2 vol. ; et enfin par J.-A. Maury, Paris, 1822, in-8o, 2 vol. avec des fig. au trait. Aucune de ces diverses traductions ne peut donner une idée de élégance et du néologisme expressif et brillant d’Apulée. On compte quatre versions italiennes de sa

  1. À l’époque des bouleversements révolutionnaires, on en a fait à Paris une sorte de mutilation, sous le titre de l’Âne au bouqet de roses, in-18. 2 vol.