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AQU

aux effets de l’obstination. Ce fut lui qui fit dresser l’ordonnance connue sous le nom de Ratio studiorum, Rome, 1586, in-8o ; ouvrage qui fut supprimé par l’inquisition, et vu de mauvais œil par les jésuites, qui ne voulaient pas être gênés dans leurs opinions. On l’a réimprimé avec des changements en 1591. Le P. Aquaviva a laissé plusieurs ouvrages de piété : 1o  des épîtres, au nombre de seize, Rome, 1615, in-8o. 2o  Directorium exercitionum S. Ignatii. 3o  Meditationes in psalmos 44 et 118, Rome, 1615, in-12. 4o  Oratio de Passione Domini, 1641, in-12. Ce discours avait été prononcé devant Grégoire XIII, en 1573. 5o  Industriæ pro superioribus societatis ad curandos animæ morbos, Venise, 1611, in-12 ; Milan, 1624, in-12 ; Anvers, 1635, in-8o ; traduit en français par le P. Pierre Parcelly, de l’ordre des frères mineurs, Paris, 1625, in-12 ; une traduction, sous le titre de Manuel des supérieurs ecclésiastiques et réguliers, fut imprimée à Paris, 1716, in-12. G-s.


AQUILA, prosélyte juif, était né à Synope, dans la province de Pont. Il s’attacha d’abord à l’étude des mathématiques et de l’architecture. L’empereur Adrien, au rapport de St. Épiphane, le fit intendant de ses bâtiments, et le chargea de rebâtir Jérusalem, sous le nom d’Ælia. Cette commission lui fournit l’occasion de s’instruire de la religion chrétienne. Il reçut même le baptême ; mais s’étant ensuite livré à l’astrologie judiciaire, il fut excommunié ; ce qui le porta à embrasser le judaïsme. Aquila s’est rendu célèbre par sa version grecque de la Bible, qu’il publia en 138. C’est la première qui ait été fxlite dœ puis celle des Septante ; elle est composée avec beaucoup de soin, quoi qu’en ait dit Buxtorf, qui contestait mal à propos à l’auteur une parfaite intelligence de la langue hébraïque. Sa méthode est de traduire mot à mot et d’exprimer jusqu’à l’étymologie des termes. Quoique cette version eût été entreprise dans le dessein de contredire celle des Septante, dont les Églises se servaient à l’exemple des apôtres, les anciens Pères la trouvaient en général si exacte, qu’ils y puisaient activent leurs textes, comme plus propres, en certains endroits, à exprimer le vrai sens des auteurs sacrés. St. Jerôme, qui l’avait d’abord blâmée, en loua dans la suite l’exactitude. Les juifs hellénistes la préféraient aussi pour l’usage de leurs synagogues. On en trouve des fragments dans les Hexaples d’Origène. Aquila avait joint à une seconde édition de sa version les traditions judaïques, qu’il avait apprises du rabbin Akiba, son maître. Elle fut encore mieux reçue des juifs hellénistes que la première. Justinien leur en interdit la lecture, parce qu’elle contribuait à les rendre plus opiniâtres dans leur erreur. Les docteurs de la loi eux-mêmes défendirent de s’en servir dans les synagogues, et ordonnèrent de l’en tenir au texte original et aux paraphrases chaldaïques. T-d.


AQUILA (Jean dell’), médecin, ne dans le royaume de Naples, professeur à l’université de Pise, et ensuite à Padoue, florissait dans le 15e siècle ; il fut regarde comme un autre Esculape dans toute l’Italie. Il professa pendant quarante-trois ans. Toppi, dans sa Bibliothèque napolitaine, fait mention d’un de ses ouvrages : de sanguinis Missione in pleuritide, Venetiis, apud hæredes Octav. Scote, 1520. C. et A-n.


AQUILA (Pietro), peintre et graveur, naquit à Palerme en Sicile, dans le 16ee siècle, suivant certains auteurs, et à Rome, en 1624, suivant d’autres. On a de lui les Loges du Vatican, d’après Raphaël, en 52 pièces, qu’il a gravées conjointement avec Fantetti ; la Bataille de Constantin, en 4 pièces, d’après le même ; la Galerie du palais Farnèse, en 12 pièces, d’après les tableaux d’Annibal Carrache, et beaucoup d’autres estampes, gravées à l’eau forte, d’après différents maîtres. Il avait d’abord embrassé l’état ecclésiastique, qu’il quitta pour se livrer aux arts. On ignore l’époque de sa mort. — Son frère, François-Faronnius Aquila, a gravé également à l’eau forte différents sujets, parmi lesquels on distingue la suite des peintures que Raphaël a exécutées dans les chambres du Vatican, en 19 pièces ; la coupole de l’église neuve de l’Oratoire à Rome, d’après le Cortone, et quelques autres estampes. P—E


AQUILANO (Séraphin), ou d’Aquila, poète italien, né en 1466. On dit dans sa vie, placée à la tête de ses œuvres, qu’il n’était pas de basse naissance, mais on ne dit pas le nom de sa famille ; celui d’Aquilano qu’il prit et qui lui est resté n’indiquait que sa ville natale, Aquila dans l’Abruzze, comme le surnom d’Aretino, pris de la ville d’Arezzo, est devenu le nom de Pierre Arétin. Selon le Quadrio, l’Aquilano était de la famille des Cimini. Il fut placé, dès son enfance, à la cour du comte de Potenza, il y apprit la musique de Guillaume Flamand, qui avait alors de la célébrité. Il s’appliqua pendant trois ans à étudier Pétrarque et le Dante, et a composé des chants ligures. Il alla ensuite à Rome, où il se fit une grande réputation par ses poésies, qu’il improvisait souvent, et qu’il chantait avec beaucoup d’expression et de grâce, sur des airs de sa composition. Ces avantages réunis charmèrent au point qu’on allait jusqu’à mettre Aquilano au-dessus de Pétrarque. Il fut attaché pendant plusieurs années au cardinal Ascagne Sforce, ensuite à Ferdinand II, alors duc de Calabre, et, après la chute de cette famille, à François de Gonzague, marquis de Mantoue. Son dernier patron fut le fameux duc de Valentinois, César Borgia, qui le traitait avec beaucoup de distinction et de générosité. On ajoute que ce duc obtint pour lui le titre de chevalier de grâce dans l’ordre de Malte. Séraphin Aquilano mourut à Rome, dans le palais de Borgia, le 10 août 1500, à l’âge de 55 ans. Il fut enterré à Ste-Marie-du-Peuple. On grava sur son tombeau ces trois vers, faits par Bernard Accolti d’Arezzo, surnommé l’Unico Aretino (voy. Accolti) :

Qui giace Serafin : partirti hor puoi
Sol d’haver visto il sasso che lo serra
Assai sei debitor alli occhi tuoi.

On imprima pour la première fois ses poésies à Venise, en 1502, in-4o, puis à Rome, en 1503, etc. Ce sont des sonnets, des églogues, des épitres, des capi-