Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 2.djvu/147

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
142
ARA

éloge ; ce fut plutôt un homme d’État qu’un grand général, car il éprouva plusieurs défaites. Il avait un fils du même nom que lui, du même âge à peu près que Philippe, et qui fut très-lié avec ce prince, ce qui n’empécha pas ce dernier de le faire aussi empoisonner. Il n’en mourut pas ; mais il tomba dans un état de démence si déplorable, que ses amis regardèrent sa mort comme un bonheur. C-r.


ARATUS DE SOLI, poète grec de l’école d’Alexandrie, né en Cilicie, à Tarse, selon quelques auteurs, à Soli, suivant le plus grand nombre, florissait sous le règne de Ptolémée Philadelphe, dont il partagea les faveurs avec Callimaque et Théocrite. Appelé en Macédoine par Antigone de Goni, il vécut dans l’intimité de ce prince. Les autres circonstances de sa vie sont incertaines ou inconnues : on ignore également s’il retourna en Égypte après la mort d’Antigone (243 avant J.-C.), qui.précède la sienne. Dés le 3e siècle avant J.-C., la protection éclairée et glorieuse accordée aux lettres par les Ptolémées avait déplacé le centre du monde intellectuel, et transporté d’Athènes à Alexandrie la suprématie des arts et des sciences. En changeant de patrie, la littérature grecque changea aussi de caractère. La poésie surtout oublia cet art charmant de simplicité et de naturel, cette vivacité spirituelle, gracieuse et légère qui la distinguaient au temps de Périclès, et se fit laborieusement érudite et savante ; par un de ces penchants inévitables qui ramènent, dans leur vieillesse, les littératures comme les nations et les individus aux habitudes et aux goûts de l’enfance, elle revint au genre didactique ; et, de même que dans l’âge héroïque elle avait prêté sa voix aux prêtres et aux législateurs, on la vit, sous les successeurs d’Alexandre, s’associer à l’œuvre des physiciens, des astronomes et des naturalistes, sachant ainsi se mettre en rapport avec les besoins nouveaux développés par l’esprit humain. Aratus tient la première place parmi ces versificateurs alexandrins qui se donnèrent alors pour mission de proclamer et de vulgariser les travaux de la science, d’attirer sur elle les regards du monde en les décorant d’une brillante parure poétique, et de les fixer dans la mémoire par le rhythme et l’harmonie. Son poême intitulé les Phénomènes offre le tableau complet des notions que l’on possédait de son temps sur la sphère, sur la figure et les mouvements des constellations et des planètes. La seconde partie de cet ouvrage, consacrée aux pronostics (Αιοσημεια), traite des signes précurseurs des changements de temps, et de l’influence sidérale ou atmosphérique sur les animaux : c’est un recueil de préjugés et d’erreurs populaires. Le savant Ératosthène, directeur de la bibliothèque d’Alexandrie, et contemporain du poëte, composa un abrégé d’astronomie, destiné à servir d’introduction aux Phénomènes et à en faciliter la lecture. De nos jours, l’authenticité de ou commentaire a été révoquée en doute par les savants. Le poëme d’Aratus fut également commenté par Hipparque. Ce grand astronome parait croire qu’Aratus ne savait pas l’astronomie, et n’avait fait que mettre en vers deux ouvrages d’Eudoxe de Cnide (voy. ce nom), les Phénomènes et le Miroir. dont le commentateur nous a conservé quelques fragments. Delambre (Histoire de l’astronomie ancienne) exprime formellement la même opinion, fondée sur cette circonstance, que, dans le poëme d’Aratus, les positions des étoiles ne se rapportent pas toutes à la même époque. Quant au mérite littéraire des Phénomènes, il est justement apprécié par Quintilien : « C’est, dit-il, un poème sans action, sans passions, sans caractères, sans variété. » Tous ces défauts sont inhérents au genre didactique, et le poète ne pouvait pas les éviter. Du reste, son ouvrage se recommande par une disposition régulière et méthodique, par des épisodes bien choisis et des vers heureux ; aussi l’aristarque latin se hâte-t-il d’ajouter : « L’auteur, cependant, n’est pas resté au-dessous de son sujet. » Aratus jouit d’une grande considération parmi les Grecs et les Romains. Il fut un des astres de cette pléiade poétique d’Alexandrie qui répondit tant d’éclat sur le trône des Ptolémées. Callimaque et Ptolémée, dans des épigrammes que le temps a épargnées. le félicitent sur le tour élégant et subtil de ses vers. Ovide lui promet une gloire éternelle, comme celle des astres qu’il avait chantés :

Cum sole et luna semper Aratus erit.

Il eut une foule de scoliastes et de commentateurs. Cicéron, César, Avienus, Ovide et Germanicus le traduisirent ou l’imitèrent en vers latins. Les fragments qui nous restent de ces versions ont été réunis par Grotius dans son Syntagma Arateorum, Leyde, 1600, in-4o. C’est sur le travail de Cicéron, complété par le précédent éditeur, que le chanoine Pingré a composé la traduction des Phénomènes qu’il a publiée à la suite des Astronomiques de Manilius, Paris, 1786, 2 vol. in-8o. Une autre édition d’Aratus, très-correcte et très-estimée, a été donnée par Jean Fell avec les Catastérismes d’Eratosthène, Oxford, 1672, in-8o. Une autre édition plus récente, mais de peu de valeur, est celle de Bandini, Florence, 1724 et 1765, in-8o. La plus complète des éditions des Phénomènes est due à Théophile Buhle, Leipsick, 1793-1801, 2 vol. in-8o ; on y trouve les anciens commentaires grecs avec quelques additions tirées des manuscrits. Nous ne savons pas si celle que préparait Ancher, savant danois, a vu le jour. On peut consulter sur la vie et le poème d’Aratus l’Uranologion du P. Petau, et l’Histoire de l’astronomie ancienne par Delambre. C. W-r.


ARAUJO DE AZEVEDO (Antonio de), comte de Barca, ministre d’État portugais, né à Ponte de Lima en mai 1752, de parents riches, fut élevé par son oncle, colonel de cavalerie et premier aide de camp du gouverneur de Porto. Il fit des progrès rapides dans les lettres. De retour dans sa ville natale après avoir terminé ses études, il y fonda une société économique qui a rendu des services aux habitants du Minho, en les éclairant sur les améliorations dont l’agriculture de la province était susceptible, et sur les moyens de perfectionner la filature du lin, qui est l’industrie principale du nord du