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de cette contrée ; et les premiers soins d’Arciszewski furent de mettre sur un pied respectable les places de son gouvernement. C’est à lui que Rio-Janeiro, Bahia et Fernambouc doivent leurs fortifications. Il combattit avec tant de succès les Espagnols et les Portugais, que les Hollandais reconnaissants firent frapper en son honneur une médaille où l’on voit la forteresse de Rio-Janeiro, élevée sur les bords de la mer, et près d’elle une colonne à laquelle sont suspendues les armes de la famille Arciszewki, couronnées de lauriers. L’inscription porte : Hostibus Hisp. profligatis. Sur le revers de la médaille on lit : Heroi, generis nobilitate, armorum et litterarum scientia longe prœstantissimo, Christ. Arciszewski, rebus in Brezilia per triennium prudentiis., fortiss., felicissime gestis. Societas Americana suæ: gratitudinis, et ipsius fortifudinis ac fidei hoc monumentum esse voluit. Anno 1657. Cette médaille est très-rare dans les collections numismatiques. J.-V. Niemcewiez, dans son Recueil[1], dit qu’il en a une dans son cabinet. Le même savant a publie une lettre qu’Arciszewski écrivit d’Amsterdam (1er septembre 1637) à Vladislas VII, pour le remercier des lettres par lesquelles ce prince lui offrait le rang de général d’artillerie ou le commandement de la flotte que la Pologne avait sur la mer Baltique. « Vous avez même daigné, ajoute-t-il, me donner l’assurance qu’après la mort du duc de Poméranie vous donneriez à mon frère et à moi les domaines de Bytum et Lauenbourg, pour en jouir comme fiefs royaux. Je me fie à cette parole royale, qui m’a été envoyée si loin, per tot spatia terrarum. » Arciszewski témoigne un vif désir de rentrer au service de Pologne ; mais il assure qu’il ne peut quitter la religion racinienne, qu’il dit avoir embrassée avec connaissance de cause. Dans sa lettre au roi, il parle des tentatives que l’Espagne avait faites pour l’attirer à son service. Selon Niemcewicz, ce général a publié en latin un traité sur l’artillerie, lequel passa longtemps pour le meilleur qu’il y eut en Europe. Arciszewski rentra en Pologne sous le règne de Jean Casimir, et il mourut à Leszno. Cette ville, ayant été brûlée par les Suédois, l’église où se trouvait déposé son corps fut réduite en cendres. G-y.


ARCKENHOLZ (Jean), historien, né en Finlande en 1695, accompagne un gentilhomme suédois dans ses voyages, et s’arrêta longtemps à Paris. Ce fut dans cette ville qu’il rédigea des Considérations politiques, ayant pour but de prouver que l’alliance de la France était désavantageuse à la Suède. Il communique son manuscrit à quelques personnes, et, de retour en Suède, il fut enfermé dans une forteresse. On lui rendit cependant peu après la liberté, à condition qu’il ferait réparation par écrit au cardinal de Fleury. Le roi Frédéric Ier, de la maison de Hesse-Cassel, qui appréciait son mérite littéraire, le nomma, en 1746, bibliothécaire et garde du cabinet des médailles à Cassel, où il resta pendant vingt années. Ayant désiré retourner en Suède, il en obtint la permission, et fut charge par les états d’écrire l’histoire de Frédéric, mort en 1751 ; mais sa tête s’était affaiblie : il donna dans les visions, renonça aux travaux historiques, et mourut le 14 juillet 1777, âgé de 82 ans. Arckenholz est connu principalement par ses Mémoires concernant Christine, reine de Suède, en 4 vol. in-4o, Amsterdam, 1751 a 1760. Ils sont écrits en français, d’un style lourd et diffus. Les événements remarquables et les pièces intéressantes y sont mêlés de détails minutieux et de lettres insignifiantes. D’Alembert a tiré de cette compilation les anecdotes sur Christine, insérées dans ses Mélanges. Arckenholz a fait de plus : 1° Lettres sur les Lapons et les Finois, en français, Francfort et Leipsick, 1756, in-8o ; 2° Mémoires de Rusdorf, ministre de l’électeur palatin, traduits en allemand sur le manuscrit français, par Casparson, Francfort et Leipsick, 1762 ; 3° Recueil des sentiments et des propos de Gustave Adolphe, en français, Stockholm, 1769, etc. Ses Considérations politiques sur l’alliance de la Suède et de la France ont été imprimées dans le Magasin pour l’histoire et la géographie des temps modernes de Antoine-Frédéric Büsching. C-au.


ARCO (Alexis del). Voyez Alexis.


ARCO (Nicolas, comte d’), bon poëte latin du 16e siècle, second fils du comte Oderic, conseiller intime de l’empereur Maximilien Ier, naquit le 3 décembre 1479, à Arco, petite ville du Tyrol, dans le diocèse de Trente, qui était l’ancien fief de sa famille. Il fut d’abord page de l’empereur Frédéric III, père de Maximilien, ce qui ne l’empêcha point de se livrer à l’étude des lettres. Il se rendit savant dans les langues anciennes, et parlait toutes celles de l’Europe aussi facilement que la sienne. Son père, qui le destinait à la profession des armes, le retira de la cour, en obtenant pour lui une compagnie de cavalerie ; d’Arco servit sous les ordres de Volfang de Furstemberg, l’un des généraux les plus estimés de son temps ; mais la mort de son frère aîné lui fit abandonner la carrière militaire ; il revint dans son fief, avec le consentement de l’Empereur, et fut successivement décoré de plusieurs ordres, et revêtu de divers emplois, Depuis lors il ne s’occupa plus que des lettres ; il fut lié avec tous ceux qui s’y distinguaient le plus, tels que Paul Jove, Annibal Caro, Flaminio, Fracastor, et plusieurs autres. On présume qu’il mourut vers la fin de l’année 1546. Ses poésies latines parurent, pour la première fois, la même année, sous ce titre : Nicolai Archii comitis Numeri, Mantoue, 1546, in-4o, édition devenue très-rare, mais à laquelle peut suppléer celle que Comino a donnée de ces poésies, avec celles de Fumani et de Fracastor, Padoue, 1739, 2 vol. in-4o. D’Arco avait composé d’autres ouvrages en vers et en prose, qui sont conservés en manuscrit dans quelques bibliothèques d’Italie, mais qui n’ont point le jour. — Un de ses descendants, le comte Giambattista d’Arco, intendant impérial à Mantoue, de l’académie royale des sciences et belles-lettres de cette ville, s’est aussi rendu recommandable par divers bons écrits, par une dissertation savante sur le fameux troubadour Sordello, par l’éloge du comte de Firmian (1785), et par la

  1. Recueil de monuments historiques sur l’ancienne Pologne (en polonais), Varsovie, t. t, p. 269.