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louer. Plus d’une fois il eut à s’étonner de l’emportement avec lequel le prince lui dictait des déclamations furibondes contre la maison de Nassau. On sait que celle d’Aremberg avait la ridicule prétention de se croire appelée à régner en Belgique, et de considérer tout autre souverain de ce pays comme un usurpateur. M-d j.


AREMBERGH (Jean de Ligne, comte d’) servit avec zèle Charles-Quint, et fut tué dans une bataille prés de Groningue, le 24 mai 1568. Un de ses descendants périt de blessures reçues à la bataille de Salankmène, livrée aux Turcs le 25 août 1691. — Le P. Charles d’Arembergh, capucin, de la même famille, né à Bruxelles vers 1593, mort en 1669, a publié, sous le titre de Flores Seraphici : 1° une histoire des écrivains de son ordre, depuis 1525 jusqu’en 1580, Cologne, 1640, in-fol ; 2° Clypeus Seraphicus, sive Scutum veritatis in defensionem ordinis minorum, 1650. N-l.


ARÉNA (Antoine d’), jurisconsulte et poëte macaronique du 16e siècle, né à Solliers, diocèse de Toulon, d’une famille qui était connue dès le 13e siècle sous le nom de la Sable. Il étudie sous Alciat à Avignon, et fit imprimer quelques traités de jurisprudence d’un très-mauvais latin. Il est plus connu par des poésies macaroniques, genre ridicule qui consiste a réunir des mots d’un mauvais jargon italien, provençal et latin, ce qui produit un mélange tout à fait barbare et inintelligible. On a publié à Bruxelles (Avignon), en 1748, une édition in-8o de ces poésies, et une plus récente à Lyon, en 1760, in-8o. Voici les titres singuliers de la plupart de ces pièces : de Arte dansandi ; Arena ad suos compagnones, qui sunt de persona friantes ; de Guerra Napolitana ; Meygra Entreprisa catholiqui imperatoris, quando en 1536 veniebat per Provensam bene cærossatus in postam prendere Fransam cum villis de Provensa. etc. On lit à la fin : Scribatum estando cum gaillardis paysanis per boscos, montagnas, forestas de Provensa, Avenione, 1537, in-12. Bouche remarque que, de tous ceux qui ont écrit sur cette expédition, aucun n’en a transmis un aussi grand nombre de particularités que cet auteur, qui y était présent. On peut juger de son talent et de son courage par les vers suivants

De tali guerra non escapare putabant,
    Et mihi de morte granda paura fuit.
Pou, pou, bombardæ de tota parte petanant…
In terram multos homines tombare videbam,
    Testas et brassos atque volare pedes.
Non espargnabant ullos de morte ferire ;
    Quem non blessaient ille beatus erat.

Aréna mourut en 1544, juge de St-Remy, diocèse d’Arles. Il paraît qu’il avait eu une jeunesse très-orageuse. On peut en juger par la dédicace de son Ars dansandi, ad follotissimam suam garsam Janam Rosæam, pro passando tempus, à la tête de laquelle il s’intitule : Bragardissimus atque falotus homo, et qui a eu treize éditions. T-d.


ARÉNA (Jacques de), jurisconsulte, naquit, selon les uns, à Parme, et, selon d’autres, en Flandre, dans le 13e siècle. On l’a aussi confondu avec Jacques de Ravennes, jurisconsulte français ; mais il n’y a pas tant d’incertitude sur ses écrits. Il a publié, sur le Code et sur le Digeste, des notes d’une grande érudition, et que l’on consulte encore avec utilité. Son ouvrage sur les exécuteurs testamentaires, intitulé : de Commissariis, Venise, 1584, 1 vol. in-fol., est fort estimé. Son traité sur les séquestres, intitulé : de Excussione honorum, Cologne, 1591, in-8o, a beaucoup de réputation, et son traité de Bannatis l’a placé honorablement parmi les criminalistes dont on a recueilli les ouvrages à Francfort, en 1587, in-fol. M-x.


ARÉNA (Joseph), né dans l’île de Corse, devint adjudant général en 1793, et fut employé au siége de Toulon, puis député au corps législatif en 1797, et ensuite chef de brigade de gendarmerie, place dont il se démit a la suite de la révolution du 18 brumaire an 9 (9 novembre 1800). Il fut arrêté, le 10 octobre 1801, au spectacle de l’opéra, étant accusé de vouloir attenter aux jours du premier consul ; et le tribunal criminel le condamna à mort le 30 janvier 1802, ainsi que Cerachi, Topino-Lebrun, Demerville et Diana, ses complices. K.


ARÉNA (Barthélemy), frère du précédent naquit à l’île- Rousse, en Corse, quelques années avant que les Français tissent la conquête de cette île. La protection que le général Paoli accordait à sa famille, cruellement persécutée par les Génois, le plaça au premier rang des patriotes de cette époque, et le fit devenir plus tard un des agents les plus actifs du parti français. En récompense de son zèle et de l’activité qu’il déploya pour la cause de la révolution, on le nomma député suppléant aux états généraux, puis procureur général syndic en remplacement de Saliceti. Nommé, en 1791, député à l’assemblée législative, contre la volonté du général Paoli, Aréna s’y prononça avec beaucoup d’énergie pour les principes les plus exaltés de la révolution, et se fit remarquer parmi les adversaires des ministres qui avaient succédé à Rolland et à Dumouriez. Revenu en Corse après la session, il ne garda plus de ménagements envers Paoli, et accusa hautement ce général d’avoir fait échouer, par ses intrigues, l’expédition tentée par les Français, en 1793, contre la Sardaigne. Paoli poursuivit à son tour Aréna et ses partisans, et réussit à le faire déclarer infâme par l’assemblée tenue à Corté, le 27 mai 1793. Banni de sa patrie, Aréna se rendit à Paris. Il y fréquente avec beaucoup d’assiduité le club des Jacobins, où il déclama vivement contre les patriotes qui souffraient que la Corse restât au pouvoir des Anglais. Il retourna dans cette île après la révolution du 9 thermidor qui renversa Robespierre, et s’y fit élire, en 1798, député au conseil des cinq-cents, où il se rangea du parti de l’opposition contre le directoire, et se montra dans toutes les circonstances animé de la plus vive exaltation. C’est uniquement à cette exaltation révolutionnaire qu’il faut attribuer son aversion pour la famille Bonaparte, avec laquelle il avait conservé longtemps des relations amicales, deve-