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nues plus intimes encore lorsqu’ils furent appelés à défendre en commun les principes révolutionnaires contre Paoli. Il est aujourd’hui constant qu’a la fameuse séance du 18 brumaire, Aréna, qui figurait au nombre des adversaires les plus prononcés de Napoléon, ne tira pas de poignard contre lui, et même qu’il n’avait aucune arme de cette espèce. Depuis cette époque, on l’a toujours vu réclamer contre cette accusation ; et, dans le mois de mai 1815, c’est-à-dire aussitôt qu’il l’a pu, il a fait insérer dans les gazettes d’Italie une réclamation très-positive à cet égard. Placé, après la journée de brumaire, sur la liste des députés qui durent être déportés, Aréna eut le bonheur de se soustraire par la fuite à cette prescription, et se retira à Livourne, où il vécut longtemps dans la plus profonde obscurité. Il n’était certainement pas dépourvu d’intelligence. Doué d’une imagination très-vive, s’il eût fait des études plus soignées il serait sans doute devenu un des hommes les plus remarquables de son temps ; mais lancé jeune encore sur la scène politique, il sacrifia des avantages réels à un désir immodéré de popularité, et fit, pour plaire à la multitude, beaucoup plus que pour lui être utile. Dans ses dernières années, il fréquentait habituellement un café où il exposait avec sa véhémence ordinaire les principes auxquels il a été fidèle toute sa vie ; et il ne cessait de présager, pour l’Europe entière, une république démocratique universelle. Il est mort à Livourne en 1829, entouré des enfants de sa fille, dent le mari avait péri sur l’échafaud, comme coupable de conspiration. G-G-y.


ARENDS (Thomas), poëte hollandais, né a Amsterdam, en 1652, travailla dans le comptoir d’un marchand, auquel il succéda dans la suite. Ses poésies fugitives, dont la plus grande partie roule sur des sujets de piété, ont été publiées, en 1724, par Matthieu van Nidek, sous le titre de Mengelpoezij. Arends a aussi publié des tragédies et des comédies médiocres, où l’on reconnaît cependant quelque talent. Il mourut en 1700. — Un autre Arends (Rodolphe), aussi poëte hollandais, mort à Dordrecht, en 1787, dans un état voisin de l’indigence, a été loué par Hœuft. D-g.


ARENDT (Martin-Frédéric), antiquaire danois[1], né à Altona en 1769, étudia la botanique a Goettingue et à Strasbourg, et, n’étant encore qu’élève, visita les principaux botanistes de l’Europe en traversant a pied la France, la Suisse, l’Allemagne et l’Italie. De retour dans sa patrie, il fut attaché comme surnuméraire au jardin de botanique à Copenhague, mais on le vit plus souvent dans les bibliothèques qu’au jardin. Envoyé par le gouvernement en Finmark pour recueillir des plantes, il n’en apporta que des observations archéologiques, aussi fut-il congédié avec une gratification. Depuis lors, jusqu’à la fin de sa vie, il fut toujours errant, sans ressources, sans occupation fixe et sans patrie. Il commença ses voyages archéologiques en 1789, par la Norwége, afin de chercher partout des monuments anciens, des manuscrits et d’autres antiquités. À cet effet, il ne se tenait pas seulement dans les villes, il parcourait aussi les campagnes, logeant chez les paysans ou chez les pasteurs, vivant de ce qu’un voulait bien lui donner, demandant sans façon, et partant sans remercier. Quelques personnes accueillaient avec plaisir un homme aussi profondément versé dans les antiquités nationales ; d’autres, ne voyant en lui qu’un hôte importun, ne cherchaient qu’à s’en débarrasser. Un pasteur de village, chez lequel Arendt avait pris un logement sans s’inquiéter si cela lui convenait, ne vit d’autre moyen, pour s’en délivrer, que de le faire porter par quelques hommes vigoureux dans un bateau, et de lui faire traverser un golfe voisin. Dans un autre village on le chassa à l’aide de la fumée. Cependant des personnes plus généreuses et plus indulgentes lui fournirent les moyens de continuer ses études et ses voyages. Il traversa, en 1804, la Suède, revint en Danemark, et repassa par la Suède pour retourner en Norwége. Dans toutes ses courses il dessinait les monuments, et copiait les inscriptions runiques. De retour à Copenhague, en 1806, avec ses dessins et ses copies, il se fit connaître des savants comme parfaitement instruit dans l’ancienne langue islandaise ; et la commission chargée de la publication des vieux manuscrits dans cette langue l’admit pour collaborateur, espérant beaucoup de son érudition ; mais il se brouilla avec la commission, reprit le chemin de la Suède, et alla demander l’hospitalité à l’intendant de la cour, baron de Tham, amateur d’antiquités et possesseur d’un cabinet où il y avait des monnaies cufiques, que le baron aurait bien voulu voir expliquer. Arendt ne trouvait rien de plus simple que d’aller consulter les orientalistes ; il porta d’abord les monnaies à Rostock, puis il se dirigea vers Paris pour compléter les explications. Arrivé dans cette ville, il s’aperçut qu’il avait laissé les monnaies à Rostock, et il alla patiemment les chercher. À Paris, un savant d’un aspect aussi étrange était quelque chose de nouveau, et l’on doit penser qu’il y eut peu de succès. Tombé malade, il fut porté a l’Hôtel-Dieu, et n’en sortit qu’après la perte d’un œil ; peut-être devait-il ce malheur à sa manière de vivre dans le Nord, où il avait souvent couché a la belle étoile. Il se comparait depuis ce temps à Odin, le dieu de la mythologie scandinave, et il ne perdit rien de son humeur caustique. Accueilli par Millin, conservateur du cabinet des antiques, il donna, dans le Magasin Encyclopédique pour l’année 1808, un précis de ses voyages et de ses travaux archéologiques, avec une courte notice sur les monuments cufiques qu’il avait apportés à Paris. Il mit en ordre la suite des médailles mérovingiennes que possède la bibliothèque du roi ; il en dressa un catalogue qui est resté manuscrit, et que l’on conserve probablement au cabinet des médailles. Il fit encore imprimer un petit Essai sur les pierres sépulcrales et les tessères sacrés des anciens Slaves du Meklembourg. Désirant depuis longtemps voir l’inscription runique

  1. Quelques biographes l’ont confondu avec Arndt l’historien (voy. ce nom ci-après) et même avec Arndt, auteur de l’esprit du temps.