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compatriote le docteur Schoenberg parvint à le guérir. Mais sa santé était ruinée lorsqu’on le mit en liberté ; il ne put atteindre Venise, et mourut à quelque distance de cette ville, d’une maladie nerveuse. Telle fut la fin déplorable d’un antiquaire qui, ayant eu plus que ses confrères occasion de voir et de comparer les monuments anciens des diverses nations, aurait pu porter beaucoup de lumière dans les ténèbres de l’antiquité et s’illustrer par de grands travaux. Dans une notice nécrologique de la Gazette littéraire de Copenhague de 1824, on lui rend ce témoignage qu’il distinguait parfaitement l’écriture des inscriptions anciennes ; que les explications qu’il donnait des runes étaient naturelles et ses conjectures généralement heureuses ; qu’il copiait les inscriptions avec une grande fidélité ; qu’en examinant un manuscrit, il en signalait aussitôt les particularités paléographiques ; que, quant à l’art numismatique, la partie qu’il connaissait le mieux était celle des médailles anglo-saxonnes, mérovingiennes et celtibériennes. Ses idées sur l’affinité et les émigrations des peuples du Nord, qu’il a exposées dans un court aperçu inséré dans le recueil allemand de Dorow, 1823, ne sont pas aussi satisfaisantes, parce que là il n’a pu s’appuyer sur les antiquités qu’il avait observées. On regrette qu’il n’ait pas écrit davantage. La comparaison des monuments aurait pu le conduire à des résultats intéressants. D-g.


ABENSBECK (Pierre Diederich), né en Suède, s’appliqua au grec et aux langues orientales, et visita les universités étrangères aux frais de la reine Christine. Il fut nommé professeur à Strengues, et devint ensuite pasteur à Stockholm, où il mourut en 1673. Il travailla, sous la direction de l’évêque Jean Mathiæ, à une traduction de la Bible en suédois, et publia, à cette occasion, un ouvrage très-rare, même en Suède, ayant pour titre : Specimen concilatitionis lingarum, ex nativis earumdem proprielatibus in textus aliquot sacros ad veram et convenientem linguæ suelicœ versionem deductum, Streng., 1648. La traduction ne fut pas achevée. C-au.


ARESI (Paul), Milanais, mais né à Crémone vers l’an 1574, lorsque son père venait d’y être nommé podestat. Il fut alors nommé César, et ne prit le nom de Paul qu’en entrant chez les clercs réguliers ou théatins, à l’âge de seize ans, après avoir perdu son père. Il montra dans ses études une telle subtilité d’esprit, que son professeur en théologie était obligé de se préparer avec une application particulière pour résoudre ses objections, ou réfuter ses arguments. Il était doué, de plus, d’une telle mémoire, qu’ayant reçu un jour l’ordre de faire le lendemain un discours au réfectoire, il y répéta, comme en extrait, tout le carême que venait de prêcher le supérieur même qui lui avait donné cet ordre. Il se fit une grande réputation comme prédicateur, quoiqu’il eût contre lui la prononciation et le geste. À Naples, à Rome, partout où il enseigna la philosophie et la théologie, il donnait aussi aux jeunes gens, pendant l’été, des leçons sur l’éloquence de la chaire. Choisi pour confesseur à Turin par Isabelle de Savoie, qui fut ensuite duchesse de Modène, il l’ut nommé à l’évêché de Tortone. Il s’y fixa ; et, après une vie exemplaire, partagée entre les devoirs d’un évêque, d’un religieux, et des travaux littéraires assortis à son état, il y mourut le 13 juin 1644. On a de lui, en latin : 1° in libros Aristotelis de Generatione et Corruptione, Milan, 1617, in-4o ; 2° de aquæ Transmutatione in sacrificio missæ, Tortone, 1622, in-8o, et avec beaucoup d’additions, Anvers, 1628, in-8o ; 3° de Cantici canticorum Sensu, velitatio bina, Milan, 1640, in-4o ; 4° Velitationes sex in Apocalypsim, Milan, 1647, in-fol., ouvrage mis au jour après sa mort par le P. Paul Sfondrati, qui y joignit une vie de l’auteur ; en italien : 1° Arte di predicar bene, Venise, 1611, in-4o ; le même, augmenté par l’auteur, Milan, 1622, et réimprimé plusieurs fois. C’est le recueil des leçons qu’il donnait pendant l’été aux jeunes gens qui suivaient ses cours de philosophie et de théologie, et ce fut le premier ouvrage qu’il mit au jour. 2° Imprese sacre con triplicata discorsi illustrate ed trichite, ouvrage publié d’abord, à peu près sous le même titre, Vérone, 1613 et 1615, in-4o, mais tellement augmenté ensuite par l’auteur, qu’il reparut en 7 vol. in-4o, les 2 premiers à Milan, 1621 et 1625, les 3 suivants à Tortone, 1630, le 6e, ibid., 1634, et le 7e ibid., 1635.11 ajouta à son 1er volume une réponse à ses critiques, sous le titre de la Penna raffilata, Milan, 1626, in-fol. ; et après la publication du 7e volume, un 8e tout entier, intitulé : la Ritroguardia (l’Arrière-garde) in difesa di se stesso, con un trattalo dell’ arte e scienza impresistica, etc., Gènes, 1640, in-4o. 3° Della Tribolazione e suoi rimedii, Tortone, 1624, 2 vol. in-4o, Venise, 1627, et réimprimé plusieurs fois depuis. 4° Panegirici fatti in diverse occasioni, Milan, sans date ; mais l’épître dédicatoire, de Mognana, est datée de 1644, in-8o, réimprimé, ibid., 1659, in-4o ; ce recueil contient dix-sept panégyriques ; ils sont tous en italien. Les sermons latins d’Aresi sont un rêve bibliographique : au 17e siècle, on ne prêchait plus dans toute l’Italie qu’en italien. G-é.


ARETA, ou ARETÉ, fille d’Aristippe. Voyez Aristippe.


ARÉTAPHILE, fille d’Æglator, vivait à Cyrène, à l’époque des guerres entre Mithridate et les Romains. Nicocrates, tyran de Cyrène, ayant fait mourir Phædimus, son mari, devint éperdument amoureux d’elle, et l’épousa ; mais quelque bon traitement qu’elle en reçut, elle ne perdit jamais de vue le dessein de venger la mort de Phædimus, et de rendre la liberté à sa patrie. Elle chercha d’abord à empoisonner Nicocrates, fut découverte, et se justifia en disant qu’elle avait voulu composer un philtre pour se faire aimer davantage. Elle tourna alors ses vues d’un autre côte. Elle avait une fille très-belle, et que Léandre, frère du tyran, épousa. Ces deux femmes employèrent tous les moyens de séduction pour engager ce dernier à faire périr Nicocrates. Il y consentit, et le fit tuer par un de ses esclaves ; mais il usurpa lui-même l’autorité, et ne se montra pas moins cruel que son frère, ce qui obligea Arétaphile d’avoir recours a d’autres moyens. Elle engagea secrètement un cer-