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comme un modèle de la méthode avec laquelle on doit traiter, approfondir, épuiser une matière. On peut comprendre dans cette quatrième classe tous les écrits contre la morale relâchée, dont Arnauld était un des plus ardents ennemis. Le Supplément au Nécrologe, etc., nous apprend qu’il eut part aux 3e, 9e, 11e, 12e, 13e, 14e et 15e Lettres provinciales. Dans la cinquième partie, sont tous les écrits sur l’Écriture sainte : 1° Histoire et Concorde évangélique, en latin, 1653 ; 2° Traduction et Explication du Missel en langue vulgaire, autorisée par l’Écriture sainte, etc., 1661, in-4o, faite avec de Voisin ; 5° Défense du Nouveau Testament de Mons, contre les Sermons de Maimbourg, avec Nicole, etc. On a imprimé, après sa mort, neuf volumes de lettres, où l’on distingue les noms de Boileau, de Leibnitz, etc. Le P. Quesnel a publié sa vie, avec des pièces relatives et des écrits posthumes. On y trouve une réponse au reproche qu’on lui avait fait de se servir de termes injurieux contre ses adversaires. L’objet de cette dissertation est de prouver, par l’Écriture et par les Pères, qu’il est permis de combattre ses adversaires avec des traits forts et piquants. L’éditeur des œuvres complètes d’Arnauld a mis à la tête de sa collection une vie extrêmement détaillée, qu’on a réimprimée en 2 vol. in-8o, Lausanne, 1785. Les journaux ont rapporté dans le temps cet article du testament de Grosley : « Je lègue une somme de 600 livres pour contribution de ma part au monument à ériger au célèbre Antoine Arnauld, soit à Paris, soit à Bruxelles. L’étude suivie que j’ai faite de ses écrits m’a offert un homme courageux au milieu d’une persécution continue, supérieur aux deux grands mobiles des déterminations humaines, la crainte et et l’espérance. Ses ouvrages sont l’expression de l’éloquence du cœur, qui n’appartient qu’aux âmes fortes. » Il ne parait pas que cette disposition ait eu aucune suite. N-l.


ARNAULD (Antoine), fils aîné de Robert Arnauld d’Andilly, servit d’abord dans le régiment d’un de ses cousins, Isaac Arnauld, gouverneur de Philisbourg, et mestre de camp, embrassa l’état ecclésiastique, devint abbé de Chaumes, se retira auprès de son oncle, l’évêque d’Angers, dont il gouverna le temporel, qu’il dérangea considérablement, et mourut en 1698. Ses Mémoires, où il se plaint beaucoup de son père, ont paru, en 1756, en trois parties, in-8o, publiées par le P. Pingré. On y trouve des faits curieux, des anecdotes piquantes qu’on chercherait vainement dans les nombreux mémoires sur le siècle de Louis XIV. Il y professe la même manière de penser que les autres Arnauld, sur les affaires du temps. N-l.


ABNAULD (Antoine), général français, naquit à Grenoble, en 1749, dans une condition obscure, et s’engagea comme soldat, en 1767, dans les gardes de Lorraine, où il servit jusqu’en 1779. Il obtint alors son congé, et se retira en Normandie, où il vécut du travail de ses mains jusqu’à l’époque de la révolution. Il s’enrôla, en 1791, dans le premier bataillon de volontaires nationaux du Calvados, et y fut aussitôt nommé capitaine, puis lieutenant-colonel. Il commanda cette troupe dans les armées du Nord sous Dumouriez, et se trouva, en 1795, à la bataille de Hondscoote, où il eut le bras fracassé d’un coup de feu. Nommé, en 1794, chef de la 4e demi-brigade d’infanterie, il la commanda avec beaucoup de distinction dans l’invasion de la Belgique, puis dans celle de la Hollande sous Pichegru. Étant passé, en 1800, à l’armée du Rhin, il y commanda le 48e régiment d’infanterie, et se distingua notamment à l’attaque de Baltzeim et à la bataille de Hobenfinden, ou il faisait partie de la division de Richepanse. (Voy. ce nom.) En 1802, le colonel Arnauld passa à l’armée de Hanovre, et il fut nommé général de brigade le 23 août 1803, et commandant de la Légion d’honneur le 14 juin 1804. Employé au camp de Zeistz, sur les côtes de la Hollande, il y mourut, dans la même année, par l’effet meurtrier du climat. M-d j.


ARNAULD, marquis de Pompone, et ARNAULD, abbé de Pompone. Voyez Pompone.


ARNAULD (Marie-Angélique) de Ste-Madeleine, sœur d’Antoine Arnauld, né en 1591, abbesse de Port-Royal-des-Champs, à quatorze ans, y rétablit à dix-sept ans la réforme de Citeaux et le premier esprit de l’institut de St.-Bernard. Chargée, par le général de l’ordre, d’introduire la réforme dans l’abbave de Maubuisson, que gouvernait alors sœur Gabrielle d’Estrees, qui s’y était fait installer à main armée, elle en vint à bout, après bien des peines, en donnant le premier exemple de toutes les privations qu’elle imposait à ses religieuses. Ce fut alors qu’elle se mit sous la direction de St. François de Sales. De retour à Port-Royal, elle transféra son monastère des Champs à Paris ; et, persuadée que son élection n’avait pas été canonique, après avoir obtenu que l’abbesse fût désormais triennale et élective, elle donna sa démission. Quelques années après, le pape la nomma pour établir un nouveau monastère, que la duchesse de Longueville voulait fonder en l’honneur du saint sacrement. Cet établissement n’ayant pas subsisté, la mère Marie-Angélique revint à Port-Royal, dont les religieuses l’élurent abbesse, douze ans après sa démission, et la continuèrent pendant douze ans de suite. Lorsque le monastère des Champs eut été rétabli, elle se partagea entre le gouvernement des deux maisons, y déploya des qualités éminentes, et mourut, le 9 août 1661, à 70 ans, après cinquante-quatre ans de profession ; laissant une grande réputation d’esprit, de savoir et de vertu. Racine, dans l’Histoire de Port-Royal, lui attribue la relation des persécutions qu’on fit souffrir à ces religieuses, publiées à Paris en 1724. — Sa sœur, la mère Agnès, fut d’abord, malgré sa jeunesse, maîtresse des novices, gouverna Port-Royal durant les cinq ans que la mère Marie-Angélique passa à Maubuisson, devint sa coadjutrice, fut elle-même élue abbesse, et, durant vingt-sept ans, gouverna Port-Royal alternativement avec sa sœur, à laquelle elle survécut neuf ans, éprouva de grands chagrins a l’occasion du Formulaire, vit enfin rétablir le monastère de Port-Royal, et mourut,