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ATH

envers sa amis[1]. Sa femme (Apollonis de Cyzique) et ses quatre enfants (Eumène, Attale, Philétère et Athénéus) lui survécurent ; il leur laissa un trône si bien affermi et consolidé que la couronne se maintint dans sa famille jusqu’à la troisième génération. »


ATTALE II, second fils du précédent, fut célèbre par son union avec ses frères et par son amour pour Apollonis, sa mère. Il seconda Eumène, son frère aîné, dans les soins du gouvernement, et fut chargé par lui de plusieurs missions très-importantes, entre autres de quelques ambassades auprès du peuple romain, qui avait beaucoup d’estime pour lui ; il fut sur le point, dans une de ses ambassades, de céder aux suggestions de quelques émissaires du sénat, qui, étant mécontent d’Eumène, aurait voulu que son frère se révoltât contre lui ; mais il fut ramené par les sages conseils du médecin Strattius. Eumène s’étant rendu à Rome, pour avertir le sénat des préparatifs secrets de Persée contre la république, fut attaqué au retour par des assassins apostés par le roi de Macédoine : le bruit de sa mort se répandit jusque dans ses États. Attale prit possession du trône et épousa même la reine Stratonice. Cependant le roi n’avait pas succombé à ses blessures ; il réussit à regagner Pergame, et se présenta à son frère, qui s’empressa de lui rendre le pouvoir. Eumène étant mort, l’an 158 avant J.-C., Attale prit la couronne, en attendant que son neveu fût en âge de régner. Pour ne faire aucun tort à son pupille, il ne voulut élever aucun des enfants qu’il eut de Stratonice. Il se réunit à Alexandre, fils d’Antiochus, pour faire la guerre à Démétrius, fils de Séleucus, et fit la conquête de la Cappadoce, dont il dépouilla Oropherne pour la rendre à Ariarathe VII. Attaque par Prusias il vit d’abord ses troupes battues et sa capitale assiégée, malgré l’intervention des commissaires envoyés de Rome ; mais il se vengea bientôt de son ennemi et ruina sa puissance en soulevant contre lui Nicomède, son propre fils. Attale aida les Romains dans leur expédition contre le faux Philippe. Il fut empoisonné par son neveu Attale, à l’âge de 82 ans (137 avant J.-C.).

ATTALE III, fils d’Eumène, monta sur le trône après la mort d’Attale, son oncle, l’an 157 avant J.-C. Le crime dont il s’était rendu coupable souleva une guerre entre le royaume de Bithynie et celui de Pergame. Nicomède prit les armes pour venger la mort d’Attale II, qui avait été son bienfaiteur ; mais la fortune se déclara contre lui, et, sans l’intervention des Romains, il aurait perdu ses États. Attale, tombé en démence dés le commencement de son règne, fit mourir un grand nombre de ses amis et même de ses parents, sous prétexte qu’ils avaient causé la mort, tantôt, disait-il, de sa mère, tantôt de Bérénice, son épouse ; négligeant ensuite sa personne, il laissa croître sa barbe et ses cheveux, ne se couvrit que de vêtements sales et usés, ne parut plus en public, et négligea entièrement les soins du gouvernement : il s’occupait à travailler à ses jardins, où il semait toutes sortes de plantes salutaires et vénéneuses, dont il avait fait une étude particulière. Il avait même écrit sur l’agriculture un ouvrage que Varron a cité. De cette folie il passa à une autre : il se mit à fondre des ouvrages en bronze, et se livra tout entier à ce travail. Enfin il forma le projet d’ériger lui-même un tombeau à sa mère, et, en y travaillant, il fut frappé d’un coup de soleil, dont il mourut au bout de 5 ans de règne. Il institua, en mourant, le peuple romain son héritier.


ATTALE, préfet de Rome sous le règne d’Honorius, devint, en 409, un de ces empereurs que les barbares élevaient alors fréquemment sur le trône, comme pour y placer un monument de leur triomphe et de l’avilissement des Romains. Alaric, maître de l’Italie, que le faible Honorius, retiré dans Ravenne, n’avait pu défendre, fit proclamer Attale par le sénat de Rome, et ce fantôme d’empereur témoigna sa reconnaissance en nommant Alaric et son beau-frère Ataulfe aux premières dignités de l’empire. Ce règne fut d’abord assez heureux : plusieurs villes d’Italie se soumirent, et on songea à sle nom d’Attaremparer de l’Afrique ; mais bientôt la fortune changea ; les projets d’Attale échouèrent de tous côtés ; il voulut contrarier ceux d’Alaric, qui le déposa sur-le-champ aussi facilement qu’il l’avait élevé, et qui lui fit même arracher le sceptre en présence de toute l’armée. Attale détrôné suivit honteusement son capricieux tyran. Après la mort d’Alaric, Attale passa au service d’Ataulfe, et fut chargé, en 411, des préparatifs du mariage de ce prince avec Placidie, fille de Théodose. Ataulfe, irrité de ce qu’Honorius refusait la paix, fit reprendre à Attale le titre d’empereur ; mais le prince goth étant mort, Constance, général romain, surprit, en -516, Attale errant et sans appui, et l’envoya prisonnier à Honorius, qui lui fit couper la main droite et le relégua dans l’île de Lipari, ou il mourut dans l’obscurité.


ATTALIOTA (Michel), juge et proconsul, vers l’an 1070 de J.-C., a composé un Manuel de droit, qu’il a dédié à l’empereur Michel Ducas. Cet ouvrage se trouve dans le second volume du Jus Græco-Romanum de Leunclavius.


ATTAR ou ATHAR (Khodjah), ministre et régent du royaume d’Ormuz, était né en Abyssinie, dans la première moitié du 15e siècle. Réduit en esclavage et à la condition d’eunuque dès sa jeunesse, il reçut le nom d’Attar ou Athar, qui signifie en arabe parfum, essence : c’est l’un des noms que l’on donne ordinairement aux esclaves dans l’orient[2]. Attaché au service des souverains

  1. « Il doit être mis, dit Rollin, au rang des princes qui ont aimé les lettres ; elles étaient en honneur à la cour de Pergame. Attale avait fait orner et embellir, dans l’Académie d’Alhènes, le jardin où Lacydes, disciple et successeur d’Arcésilas, faisait ses leçons ; il invita ce philosophe à venir à sa cour ; mais Lacydes répondit qu’il en était des princes comme des tableaux, qui souvent, pour être estimés, demandent à n’être vus que de loin. »
  2. Beaumarchais, dans son opéra de Tarare, a donc dénaturé les faits en supposant un roi d’Ormuz nommé Atar, qui n’a jamais existé, et en faisant de lui un personnage fier de son nom et de sa naissance. C'est au soldat devenu roi qu’il aurait dû donner le nom d’Attar.